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Expositions

Chantilly et la caverne d’Abd el-Kader

L’Année de l’Algérie est l’occasion pour le château de Chantilly de révéler la richesse culturelle du pays et la permanence des relations franco-algériennes.


A. Decaen d’après Horace Vernet, Prise de
la Smalah d’Abd-el-Kader par le duc d’Aumale
le 16 mai 1843
, Chantilly, Musée Condé.
© Giraudon Bridgeman.
CHANTILLY. Avant que le duc d’Aumale ne décide de conquérir l’Algérie (1839-1848) à la poursuite du sultan Abd el-Kader (1808-1883), Delacroix avait déjà su découvrir dans les paysages et les coutumes de ce pays une nouvelle source d’inspiration à l’origine de ses Femmes d’Alger (1834). L’exposition s’est donnée pour objectif de reconstituer la collection algérienne du duc d’Aumale dans la salle du Jeu de Paume de Chantilly. «C’est avec une grande émotion que les habitants de la ville ont redécouvert la tente d’Abd el-Kader qui faisait tout le pittoresque de la présentation de 1891», ajoute Nicole Garnier, conservateur. Cette pièce en lin gris-beige a été saisie, comme de nombreux autres objets, lors de la prise de la Smalah - équipée itinérante composée de la famille et des richesses du sultan - en 1843 par les troupes françaises. Une étude d’Horace Vernet pour la grande composition de Versailles illustre cet épisode durant lequel le duc d’Aumale s’empare des trésors du sultan : son sabre turc en lapis lazuli, son écuelle en argent, une poire à poudre en argent et corail ou encore sa longue-vue. Tout l’intérêt de l’exposition repose sur la présentation d’objets ethnographiques, au centre de la salle, parallèlement aux témoignages européens, sur les murs latéraux.

L’orientalisme algérien
Les dessins occupent une place importante. Le peintre Adrien Dauzat a réalisé une suite d’aquarelles destinées à illustrer les textes de Charles Nodier sur la progression des troupes françaises dans le passage des Portes de Fer en 1839. Henri-Félix-Emmanuel Philippoteaux (1815-1884) accompagne le duc d’Aumale en 1840 lors de sa première campagne en Algérie et réalise de nombreux portraits de cavaliers arabes ou des vues de campements sur lesquelles il n’hésite pas à apposer un faux tampon E. D. de l’atelier de Delacroix. La finesse des broderies et la richesse des matériaux caractéristiques de la culture algérienne se retrouvent dans les arts du textile, sur les écharpes en gaze fine embellie de fils de soie, mais aussi dans les équipements de chevaux, constitués d’une housse en brocart d’or sur du velours rouge et d’éperons ornés d’argent et de corail. Parmi les œuvres importantes figurent également quelques manuscrits ayant appartenu à la bibliothèque personnelle - riche de 700 ouvrages - d’Abd el-Kader, une girouette en fer surmontée du croissant tandis qu’une table basse au plateau recouvert de faïence de Delft rappelle les échanges fructueux entre l’Europe et l’Algérie.


 Stéphanie Magalhaes
08.03.2003