Cinquante Matisse pour New YorkLes héritiers de Pierre Matisse viennent d’offrir au Metropolitan Museum une collection évaluée à 100 millions $.
| Jean Dubuffet, la veuve, 1943
© The Pierre and Maria-
Gaëtana Matisse Colection /
the metropolitan museum
of Art, 2002 |
NEW YORK. On se souvient de la dation effectué en 1990, un an après la mort de Pierre Matisse, à l’intention du Musée national d’art moderne, à Paris. Etaient alors entrés dans les collections publiques françaises des tableaux de Mirò, Rouault, Matisse ou encore Cézanne. C’est une manne équivalente dont bénéficie aujourd’hui le Metropolitan, deux ans après le décès de Maria-Gaetana, la quatrième et dernière épouse de Pierre Matisse : au total plus de cent œuvres, qui faisaient partie de la collection privée du galeriste. La moitié est due à Henri Matisse : des dessins (dont un portrait du collectionneur russe Chtchouchkine) et des gravures mais également une huile sur toile fondamentale, qui annonce la période fauve : la Chapelle de Sainte-Anne, Saint-Tropez, réalisée à l’âge de 35 ans, en 1904.
Enfin des surréalistes !
L’arrivée de ces tableaux au Metropolitan doit beaucoup à la personnalité de William Lieberman, directeur du département d’art moderne, qui a longtemps fréquenté Pierre Matisse. «J’ai fait sa connaissance en 1946, a-t-il expliqué à la presse, et nous avons travaillé ensemble pour la première fois en 1957 lorsque j’ai organisé une rétrospective sur Mirò au Metropolitan. Les artistes préférés de Pierre étaient Balthus, Derain, Dubuffet, Giacometti, Mirò et Tanguy.» Chacun de ceux-ci est présent dans la donation, qui a également le mérite de faire entrer un important noyau surréaliste au musée, avec Leonora Carrington, Wilfredo Lam ou René Magritte, trois créateurs qui n’y étaient pas représentés jusqu’à présent.
À voir en 2004
Pierre Matisse, né en 1900, voulait à l’origine suivre les traces de son père Henri. Il étudia notamment chez Derain avant de prendre le chemin de l’Amérique. Arrivé à New York en 1924, il collabora avec plusieurs marchands avant de fonder sa propre galerie en 1931, en pleine récession. Celle-ci, située sur la 57e rue Est à Manhattan, est demeurée en activité pendant 58 ans. De nombreuses œuvres portent une dédicace à Pierre Matisse, comme pour souligner son rôle essentiel dans l’introduction aux États-Unis des peintres européens. Nouant des relations privilégiées avec ses artistes - Balthus le représente en 1938 en mondain aux chaussettes de couleur - il a exposé certains d’entre eux pour la première fois outre-Atlantique, comme ce fut le cas pour Dubuffet en 1947. Cet ensemble complète, dans le domaine de la peinture moderne, les récentes donations Schoenborn (en 1995), Perls (en 1997) et, surtout, Gelman (en 1998), et fait suite aux dons que Pierre Matisse avait déjà faits de son vivant. Il fera l’objet d’un catalogue ainsi que d’une exposition dans le courant de l’année 2004.
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