| © Françoise Monnin |
Rens Lipsius, fondateur de l’Institute for Cooperation of Art and Research (ICAR)Rens Lipsius, qui vient de quitter ses fonctions de directeur à ICAR France, fait le point après trois ans d’activité.
ICAR France, lieu de résidence, d’expositions et de concerts, a été créé en 2000. Bilan ?
Rens Lipsius. Dessiner un tel espace (dans d’anciens locaux du PMU), à la demande d’un groupe de financiers américains mécènes, m’a passionné. Présenter des œuvres qui ne sont pas les miennes, mais qui collent de façon organique à cet espace, m’a fait réfléchir. La fréquentation des œuvres des autres est extraordinaire. J’ai aussi vu qu’une programmation élitiste ne décourageait pas le public. Certains jours, nous avons cinq cents visiteurs.
Directeur de centre d’art à Paris, peintre à New York : deux fonctions compatibles ?
R. L. L’artiste-commissaire, en France, cela dérange. J’en discutais récemment avec le peintre Éric Corne, qui cesse de s’occuper du centre d’art Le Plateau. Ici, vous préférez mettre en place des fonctionnaires. Aux États-Unis, c’est tout à fait différent. Je peux travailler 16 heures par jour pour le centre quand je suis à Paris, et, la même année, réaliser dans mon atelier américain cinquante toiles. Tout en approfondissant, dans le nord de mon Pays-Bas natal, la réflexion que je mène, en vidéo, à partir de l’observation d’un champ de 150 x 75 mètres, bordés d’un canal, avec une tour d’observation, d’où je m’interroge sur les notion de plan, d’espace, de cycle, de présence.
Quels projets pour ICAR France en 2003 ?
R. L. Nous conservons la liberté et l’efficacité d’une programmation décidée trois mois à l’avance seulement et d’accrochages réalisés 48 heures avant l’inauguration. La première exposition, en mars, est confiée à une commissaire américaine. Je me suis retiré en effet, en janvier, de la direction d’ICAR France. D’autres commissaires indépendants suivront. Et surtout, nous délocalisons notre action. C’est le seul moyen de ne pas se répéter, de ne pas s’institutionnaliser, de demeurer une plateforme d’échanges spontanée, réservée aux idées neuves, évoluant hors des tendances générales. ICAR réaffirme ainsi sa mission : favoriser la réflexion, en mêlant les sciences, les arts, la philosophie, etc.
| Françoise Monnin 13.03.2003 |
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