Douglas Gordon en noir et blancLa galerie Yvon Lambert inaugure ses nouveaux espaces avec une angoissante installation.
| Douglas Gordon, Blind stars,
2002, série de 33 photographies,
61 x 65,3 cm chaque.
© Douglas Gordon, Yvon Lambert. |
PARIS. Every time you think of me, you die («Chaque fois que vous pensez à moi, vous mourez»). La phrase de l'artiste Douglas Gordon accueille en préambule le visiteur. Pour l'ouverture de son nouvel espace-galerie et librairie, Yvon Lambert a voulu frapper fort. Dans la première salle, l'obscurité est trouée par des dizaines d'écrans sur lesquels défilent les images des installations vidéos de Gordon, le plus doué de sa génération dans cet exercice. Son travail emprunte aux séquences cinématographiques d’Hitchcock, de Preminger ou de Scorsese. Mais les arrêts sur image martèlent la mort dans un ballet inquiètant. À côté des extraits de films de gangsters, on voit, au ralenti, des mains étreignant un drap et d'autres accompagnant le mourant dans son dernier souffle. Les yeux sont exorbités, les visages figés. Ensuite, dans un long couloir - celui de la mort ? - on se cogne à ses semblables, toujours dans le noir avant d’arriver dans deux pièces vides, d'un blanc total. On y découvre des portraits photographiques de stars du cinéma hollywoodien, avec des miroirs ou du blanc à la place des yeux. Le temps efface tout, veut nous signifier Douglas Gordon. Sauf sa cote, peut-être. Né en 1966 à Glasgow, le plasticien, qui a tenu sa première exposition en 1986, a accédé au statut de star en recevant en 1996 le Turner Prize et, en 2000, le prix de la Biennale de Venise.
|