L’Albertina ose la photoAprès dix années de travaux, le grand musée autrichien d’art graphique rouvre ses portes et met en avant son fonds photographique.
| Albrecht Dürer, Aile de rollier
bleu, 1512.
© Albertina Museum, Vienne. |
VIENNE. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Albertina avait un peu perdu son âme. Gravement endommagé par les bombardements, l’ancien hôtel particulier des Habsbourg qui se dresse au cœur de la capitale autrichienne avait été restauré dans les années 1950… Une époque où les contraintes économiques prévalaient sur les considérations esthétiques. Après quatre années de travaux, le résultat de la restauration est impressionnant. En façade, la lourde architecture de béton a cédé la place à une reconstitution des élévations classiques de Louis de Montoyer, l’architecte choisi par le duc Albert de Saxe-Teschen (1738-1822) - qui a donné son nom à l’Albertina - et son épouse l’archiduchesse Marie-Christine (1742-1798). De même, le bâtiment a retrouvé son entrée d’origine, sa cour intérieure pavée de pierres de Bavière et ses salles d’apparat longtemps utilisées comme lieux d’étude ou de réserve.
Un gain de 13 000 m2
En plus de cette restauration historique, l’Albertina s’est transformé en musée moderne, doté de 13 000 m2 supplémentaires. Une extension en sous-sol a été logée dans l’ancien bastion des fortifications viennoises autour duquel a été bâti le palais. S’y déploient des réserves, des ateliers de restauration, une bibliothèque ainsi que l’une des deux grandes salles d’expositions temporaires - d’environ 1 000 m2 chacune - qui ont été aménagées. Sensibles à la lumière, les collections de l’Albertina ne peuvent en effet être exposées de manière permanente. «Nous ouvrons avec trois expositions dans lesquelles figurent des œuvres de notre fonds et d’autres, prêtées, explique Antonia Hoerschelmann, la conservatrice de la collection d’art graphique. Ce sont “Edvard Munch, thème et variation”, une présentation des dessins de grand format de l’Américain Robert Longo sur la maison viennoise de Freud, et “L’œil et l’appareil” qui inaugure la nouvelle collection photographique de l’Albertina».
Les joyaux méconnus de l’Albertina
Aux 65 000 dessins et au millier d’estampes qui font de l’Albertina l’une des principales collections d’art graphique au monde s’ajoutent en effet un fonds national de photographie, créé en 1999, et une collection architecturale dont le joyau est l’Atlas Stosch. «Le baron Philipp von Stosch était un homme assez étrange, raconte Christian Benedik, conservateur de cet ensemble. Diplomate prussien en Italie, il était également antiquaire. Au cours des années qu’il a passées à Rome, il a acquis de nombreux dessins d’architecture italienne des XVIe et XVIIe siècles». Parmi ceux-ci figurent les 700 dessins dont le neveu de Borromini a hérité après le suicide de l’architecte.
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