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Expositions

Couleurs du Mexique

Malgré l’absence de commande publique, la scène mexicaine fait preuve d’une réelle vitalité.


Fransisco Serrano
© Jaime Navarro
PARIS. L’ombre de Luis Barragán (1902-1988) flotte sur l’exposition, qui s’ouvre par une évocation textile de ses Torres Satélites - flèches de béton coloré construites en 1957 à Mexico. L’hommage est sans surprise : Barragán, prix Pritzker en 1980, est toujours le plus connu des architectes mexicains. Son œuvre sculpturale et colorée, synthèse entre modernité et vernaculaire, a marqué plusieurs générations de bâtisseurs. Mais l’émergence de la modernité ne fut pas de son seul fait : trois courts films diffusés au sous-sol évoquent son travail, celui de Juan O’Gorman (1905-1982) ainsi que l’émulation liée à la construction de la cité universitaire de Mexico (1950). Après ce préambule historique, la présentation du projet d’Alberto Kalach de remise en eau du lac de Texcoco, primé cette année à la Biennale de Venise, rappelle que Mexico est une jungle urbanistique. Des projections de photographies sont visibles sur la mezzanine. Dix praticiens ou équipes de tous âges ont été sélectionnés par Miquel Adrià. Son catalogue propose une classification par courants qui, de son propre aveu, peut être discutée, mais n’est pas imposée au visiteur. «L’expressionnisme corbuséen» de Teodoro González de León, né en 1926, s’exprime dans des édifices de béton d’une monumentalité écrasante. La tradition de l’architecture colorée est perpétuée par Ricardo Legorreta et Javier Sordo Madaleno, mais l’arrogance de l’échelle de l’hôtel construit par ce dernier à Los Cabos est très éloignée de la sérénité des constructions de Barragán. «L’internationalisme» réunit une jeune génération prometteuse, davantage influencée par l’avant-garde néerlandaise ou suisse que par le maître mexicain. Parmi eux, l’agence TEN Arquitectos, qui a habillé de parois de verre translucide l’hôtel Habita, et le benjamin, Javier Sánchez, qui nuance cette apparente vigueur. «L’architecture, précise-t-il, est très marginalisée au Mexique, non par manque de structures d’enseignement mais du fait de l’absence quasi-totale de concours publics». Une réalité que l’exposition des maquettes du concours de la Casa de Francia de Mexico, organisé par les Français, ne doit pas masquer.


 Sophie Flouquet
18.03.2003