Abstractions hallucinatoiresChoc de deux mondes : Véronique Rizzo opposes ses motifs numérisés aux vieilles pierres d’une abbaye corrézienne.
| Véronique Rizzo, Pataphysical
introduction, 2003.
© Centre d'art contemporain,
Meymac. |
MEYMAC. Die Elektrische Kartoffeln, dans la langue de la théorie de la Gestalt, ou «Patates Electriques» : titre énigmatique pour cet ensemble d’images numériques exposées au Centre d’art contemporain de Meymac, au cœur de la Corrèze. «C’est un terme ironique et métaphorique qui se réfère à la condition humaine, explique Véronique Rizzo, une sorte de clin d’œil à la pataphysique de Jarry». Wall drawings, projections vidéos, impressions : les quelques œuvres réunies créent un étrange univers coloré au deuxième étage de l’ancienne abbaye bénédictine. Depuis 1998, date à laquelle elle exposait des toiles de format réduit mais déjà abstraites, cette habituée de la friche de la Belle de Mai à Marseille a fait évoluer son langage vers d’avantage de monumentalité et de technicité. Dessinés, numérisés puis scénarisés, ses motifs colorés évoquent des modèles classiques de l’histoire de l’abstraction, revisités par une «culture populaire et urbaine». Les formes, au chromatisme vigoureux, flirtent parfois avec la figuration, notamment dans la vidéo Les sphères de réalités possibles, ballet kaléidoscopique que l’on regarde, hypnotisé, assis dans un vieux canapé en velours. Parmi les nombreuses références, le cinétisme de Vasarely ou l’avant-garde russe. Adepte du multiple qui permet la diffusion des œuvres, Rizzo envisage l’installation comme la «spectacularité du travail». À Meymac, elle a conçu un cycle presque cellulaire, où les formes évoluent, se mêlent et se transforment, parfois dans une sorte d’incandescence (Pataphysical introduction). «Je ne voulais pas faire un espace unitaire mais plutôt créer un parcours dans cet espace qui s’y prêtait», explique l’artiste. Son jeu sur la puissance d’introspection des images est d’un effet hallucinatoire garanti !
| Sophie Flouquet 14.03.2003 |
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