Picasso super star

Le Vatican, combien de divisions ? Lucas Cranach, combien de dollars ? Sans entrer dans cette logique, il demeure que les artistes ont aussi un poids économique. Leur classement en fonction du chiffre d'affaires réalisé lors de la vente de leurs œuvres aux enchères apporte des indications intéressantes sur l'état du marché comme sur les goûts et les modes du moment.
Dans le «top 500» des meilleurs chiffres d'affaires recensés par Artprice en 2002, on trouve aussi bien Peter Paul Rubens que Picasso ou Toulouse-Lautrec. Mais Picasso était déjà premier l'an dernier, alors que Rubens n'était que 94e et n'a fait ce bond en avant que grâce à la vente exceptionnelle du Massacre des Innocents. Les modernes et les contemporains ont à l'évidence plus d'œuvres à offrir, et la place de l'art ancien est minorée. La raréfaction progressive des œuvres de certains modernes, si elle n'est pas compensée par une hausse des prix, joue dans le même sens On trouve en tout cas des valeurs permanentes : Picasso, Warhol, Giacometti, Léger, Chagall, Richter, Lichtenstein, Magritte, Miro, Basquiat, Matisse, Modigliani et Bacon sont en tête chaque année, de même que Monet, Degas, Cezanne, Renoir, Caillebotte ou Pissaro. De leur côté, les expressionnistes comme Beckmann, Jawlensky, Kirchner, Nolde et Macke, progressent régulièrement et sortent de leurs marchés nationaux.
Et, bien sûr, le nombre d'œuvres vendues varie considérablement. Le prolifique Boudin est dans les quatre-vingts premiers avec plusieurs centaines d'œuvres chaque année, alors qu'il n'en faut que vingt et une à Monet pour être quatrième.