Burlington, premier siècleLa célèbre revue d’art anglaise fête son centenaire.
| Couverture du premier
numéro, mars 1903. |
«Nous osons espérer - à tout le moins nous nous y employons - mettre fin à une curieuse et honteuse anomalie, à savoir que la Grande-Bretagne est la seule parmi les nations cultivées d’Europe à ne pas posséder de périodique dont l’objet soit l’étude sérieuse et désintéressée de l’art ancien.» Telle était la déclaration d’intention que purent découvrir en mars 1903 les lecteurs du premier numéro du Burlington Magazine. Avec cent ans de recul, force est de constater que la revue londonienne a fait honneur à ses prétentions de départ. Malgré l’hostilité initiale des mandarins, malgré les difficultés financières (un premier dépôt de bilan en 1904, un sauvetage d’urgence en 1909 grâce, entre autres, au milliardaire américain Pierpont Morgan), le Burlington Magazine est sorti chaque mois. Il a fait l’éloge avant les autres de Vincent Van Gogh (dès 1910) et de Maillol, il a livré son lot de découvertes et de réattributions. Son «ours» se lit comme un «best of» de l’histoire de l’art : y ont successivement figuré Roger Fry, membre du groupe de Bloomsbury et ami de Virginia Woolf, Bernard Berenson, Herbert Read, le grand spécialiste de l’impressionnisme, John Pope-Hennessy ou Neil MacGregor, l’actuel directeur du British Museum. En 1986, la revue a dénoué ses liens avec le groupe Thomson et s’est constituée en association à but non lucratif. Elle vient de lancer une souscription pour consolider sa dotation en capital et assurer son indépendance éditoriale. Et le contenu ? «La Renaissance italienne a toujours occupé une place de choix dans le Burlington, souligne Richard Shone, qui en est le nouveau rédacteur en chef après avoir dirigé les pages sur le XXe siècle. Mais l’art contemporain n’en est nullement absent. À titre d’exemple, je pense avoir été l’un des premiers à publier une critique sur Damien Hirst, lorsqu’il était encore étudiant, avant même la célèbre exposition “Freeze” de 1988…»
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