La bonne HélèneLe 150e anniversaire de la naissance de Van Gogh permet de redécouvrir la collection réunie par Hélène Kröller-Müller.
| © Françoise Monnin. |
OTTERLO. Sept d’un coup ! Ainsi arrivait-il à Hélène Kröller-Müller d’acheter les toiles de Van Gogh, lorsqu’elle venait à Paris, au début du XXe siècle. C’était si bon, de quitter la grande maison d’Otterlo, pour dépenser en France les millions amassés par un époux providentiel, propriétaire de mines de charbon aux Pays-Bas. «Je veux être moderne», écrivait Hélène à ses amies. De Fantin-Latour à Mondrian, nombreux furent les peintres - et les galeries - à bénéficier de ses largesses. Son chouchou ? Vincent, dont elle acquit plus de cent toiles. Si huit d’entre elles sont aujourd’hui considérées comme des faux, la collection, transformée en musée depuis 65 ans, n’en demeure pas moins exceptionnelle. La voici présentée dans son intégralité - dessins compris. Intime, la mise en scène de l’ensemble permet de passer, dans l’ordre des achats, d’une ambiance XIXe siècle, avec mobilier d’époque, à un environnement futuriste, comportant vitrines triangulaires et écran vidéo. Splendide !
Un Van Gogh méconnu
En une seule année, la première (1909), neuf œuvres étaient déjà réunies, ainsi que toutes les publications relatives à l’artiste, présentées, elles aussi, à Otterlo. Ravins, bouquets d’œillets ou portraits de jeunes filles, le Van Gogh ici présenté est infiniment plus étonnant que celui du très célèbre musée d’Amsterdam. Hélène avait bon goût. Au fil de l’accrochage, les coups de cœur sont donc légion. Le Champ de blé de 1889, clôturé par un mur vertigineux, est excellent, tout comme le Cyprès aux deux figures (1890), la Nature Morte aux pommes de terre (1888) ou les Paysans plantant des patates (1884). Sans parler des petits formats, d’une période noire rarement exposée (1885), représentant certains des nids que le peintre collectionnait. Selon lui, les artistes étaient des oiseaux. La belle Hélène en a pris de la graine.
| Françoise Monnin 26.03.2003 |
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