Le Louvre renoue avec l’art actuelCinquante ans après un plafond de Braque, le musée repasse commande à un artiste vivant.
PARIS. L’ouverture début mai de l’exposition «Léonard de Vinci» sera l’occasion de découvrir une création inédite : l’œuvre, destinée à s’intégrer dans le parcours de l’exposition, a été commandée à l’Irlandais James Coleman par le Centre national des arts plastiques (CNAP) dans le cadre de la procédure de commande publique. Si cette création n’a pas vocation à demeurer au musée - elle sera déposée au Fonds national d’art contemporain - l’initiative peut être saluée comme un signe d’ouverture aux artistes vivants, de la part d’une institution souvent taxée de conservatisme. Depuis 1953, date à laquelle Braque réalisa le plafond de la salle Henri II, aucun artiste vivant n’avait reçu de commande effective du musée - le café Richelieu décoré par Buren et Raynaud est un espace commercial. Les rendez-vous manqués furent pourtant plus nombreux qu’il n’y paraît.
Essais non transformés…
En 1965, déjà, Malraux avait caressé l’idée de confier le décor d’un escalier de l’aile de Flore à un artiste, comme il le fit pour l’Opéra Garnier et le théâtre de l’Odéon. Vingt ans plus tard, alors que s’engagent les travaux du Grand Louvre, les propositions de commande publique se multiplient. Un concours de sculpture est lancé en 1984 pour combler les niches vides des façades sur la rue de Rivoli. Le thème iconographique - les généraux français - et la faiblesse des propositions motivent le refus du CNAP. L’année suivante, le cabinet Lang et son délégué aux arts plastiques, Claude Mollard, initient une politique ambitieuse. Sam Francis est pressenti pour un plafond du département des objets d’art, Martial Raysse pour peindre des cartouches sur les lambris de la galerie d’Apollon. Hantaï, Riopelle ou Erró sont approchés par le ministère pour décorer le plafond de la salle des bronzes antiques. Une seule maquette, intitulée Soleil peinture, est finalement réalisée par Fromanger. Elle sera refusée en 1989 pour «incompatibilité avec les collections», l’opposition des conservateurs et l’alternance politique ayant eu raison de cette entreprise audacieuse. Un nouveau camouflet, en 1989, interviendra peu avant l’achèvement des travaux. Tinguely et Chillida, sollicités pour esquisser un projet destiné à marquer l’entrée du musée, ne parviennent pas à convaincre. Près de quinze ans après ces échecs, la commande à Coleman est le signe d’un dialogue renoué entre le Louvre et la commande publique.
| Sophie Flouquet 25.03.2003 |
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