Les nautes remis à neuf

PARIS. Retrouvé en 1711 sous le cœur de la cathédrale Notre-Dame, le pilier a été commandé sous Tibère (14 - 37 ap. J.-C.) par la corporation des nautes, tout-puissants responsables du transport fluvial. Il était vraisemblablement dédié au dieu Jupiter. Le monument se présentait à l’origine sous la forme d’une colonne de 5 mètres de haut, composée de huit blocs de section carrée sur lesquels figuraient des reliefs de divinités celtiques et romaines. Seules cinq pierres ont été retrouvées, ce qui rend problématique sa reconstitution exacte : 384 empilements différents sont possibles… Après avoir été sauvé du vandalisme, sous la Révolution, par Alexandre Lenoir (1762-1839), le pilier entre dans les collections du Musée de Cluny en 1844. Il ne quittera pas le frigidarium jusqu’en 1997, lorsqu’il est envoyé au Centre de recherche et de restauration des musées de France.

Le laser au service de l’archéologie
Durant quatre ans, les restaurateurs ont mené un travail de fond pour redonner à la pierre son apparence d’origine. Outre l’empoussièrement, des comblements de plâtre et des couches de salissure brune empêchaient une bonne lecture des scènes sculptées. Dans la première moitié du XIXe siècle, un badigeon gris avait même été appliqué sur l’ensemble des pierres. Parallèlement, des analyses ont permis de déterminer la provenance du calcaire utilisé (les bords de l’Oise) tandis que le nettoyage au laser a mis au jour des traces d’outils et des détails sculptés. Le mystère reste entier quant à la signification des motifs et au lieu d’érection. Florence Saragoza, l’un des conservateurs du musée, évoque un port au nord de l’Île de la Cité. Le coût de la restauration, de l’ordre de 120 000 €, a bénéficié d’un mécène tout trouvé : la compagnie des Bâteaux-Mouches.