Michel-Ange ne dessinait pas seul

PARIS. Michel-Ange solitaire… Ceux qui visiteront l’exposition n’entretiendront plus ce doux mythe. Les dessins sont là pour témoigner des relations que l’artiste noue avec ses collaborateurs, «des jeunes hommes très méritants mais des nains de la peinture», selon Dominique Cordellier, commissaire de l’exposition. Ici, une figure féminine réalisée à la sanguine par un élève a été transformée à la plume par le maître, sans doute peu satisfait du résultat, en tête de faune terrifiante… Véritable démonstration de sa volonté d’imbriquer idéal de beauté et laideur extrême. Le revers de cette feuille montre un Michel-Ange pédagogue. Il esquisse un visage, sans doute destiné à être copié et pose des règles de composition, définies par des lignes, des cercles et des ovales. Encore faut-il signaler qu’il n’est pas avare de dessins pour aider ses amis dans le besoin. On trouve ainsi un Christ mort exécuté pour Sebastiano del Piombo alors que ce dernier peinait sur une Pietà destinée à la chapelle funéraire andalouse à San Salvador d’Ubeda. Cette générosité est indirectement à l’origine du fonds conservé au Louvre, ici présenté. En 1532, Michel-Ange cède en effet deux caisses de dessins à Antonio Mini, un élève criblé de dettes, et lui conseille de les emporter en France. Très rapidement, une partie de ces feuilles se retrouve entre les mains de Giovan Francesco Rustici qui l’a hébergé à Fontainebleau, peut-être contre ce «paiement en nature»… puis dans les cartons du collectionneur Everard Jabach. Un chemin dont on sait qu’il a mené bien des dessins italiens jusqu’aux collections royales de Louis XIV. Mais il ne s’agit là que de l’une des histoires racontées par ces quarante feuilles à la plume, à la pierre noire ou à la sanguine, sobrement présentées sous les monumentaux cartons italiens du XVIe siècle.