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Expositions

Erro : mon rêve américain

Hommage à Walt Disney : le titre de la dernière exposition de l'artiste se prête à une double lecture.


© Galerie Louis Carré & Cie.
PARIS. Plaidant pour le métissage culturel, Erro, désormais septuagénaire, fait voyager sur ses toiles les héros de la planète Disney, en compagnie de ceux des comics asiatiques et russes et de Tintin. Mais dans ce meilleur des mondes, tout se gâte : ne voit-on pas oncle Picsou vaciller sous un tas d'or tandis que Wall Street s'écroule ? Le rêve américain s’est brisé, semble dire l'artiste. On voit même un énergumène brandir une pancarte «He will save us» («il nous sauvera»), symbole d’un inquiétant messianisme financier. Les compositions disloquées empruntent à la bande dessinée et les clins d'œil abondent. Dans The Hara-Kiri of the Bank of Tokyo, derrière les tas d'argent et l’immanquable oncle Picsou, on aperçoit le pastiche d'un tableau de Picasso - peut-être La Femme qui pleure. On peut y lire des allusions à la spéculation folle qui a saisi les investisseurs, souvent épaulés par des banques, notamment dans le domaine de l’impressionnisme, ou au rôle des ayants droit. Cette femme qui pleure n’est-elle pas Françoise Gilot, l’épouse de Picasso, assise sur un tas d’or ? L'argent obsède Erro. Dans le bon sens du terme. Celui qui est présent dans de nombreux musées en France et dans le monde, qui a répondu à plusieurs commandes publiques, a toujours eu une politique sage quant à ses prix. Les petites toiles - acryliques de 100 x 65 cm - sont proposées à 6 500 €, les plus grandes - 161 x 195 cm - atteignent 23 000 €.


 Brigitte Camus
10.04.2003