Entre bougeoirs et squelettes

PARIS. Pour ce collectionneur anonyme, décédé l’an dernier à l’âge de 75 ans, tout a commencé avec la Haute Époque… Une soixantaine de lots révèlent son goût pour le travail du métal. Bougeoirs en étain, plats d’offrandes en laiton doré, clefs ou marteaux de portes accompagnent des chenêts en fer forgé : une paire portant un sobre décor ogival (5 000 €), l’autre surmontée de figures des preux chevaliers portant massue et écu (25 000 €). Ce rassemblement hétéroclite ne doit pas éclipser la qualité du mobilier, tout particulièrement une grande armoire en chêne (100 000 €). Cette pièce est caractéristique de la production flamande du début du XVIe siècle tant par sa forme - deux portes à double battant, pour gagner de la place - que par son décor : seize panneaux décorés de bustes en ronde-bosse entourés de feuillages.

Crânes et squelettes
Mais il ne s’agit que de l’une des strates successives dont est composée cette collection. En 1950, au cours d’un voyage au Congo, l’homme d’affaires découvre l’art africain auquel il se consacre entièrement avant un nouveau coup de foudre, cette fois pour l’art précolombien, découvert lors d’un séjour au Mexique. Une cinquantaine de lots témoignent de ces engouements successifs. Ce sont principalement des œuvres d’Afrique centrale comme un siège porté par une caryatide parée de perles, symbole du pouvoir des chefs Luba (25 000 €) ou un masque heaume Mambila dont la forme crânienne s’achève à hauteur de la mâchoire supérieure, sur une rangée de dix-neuf dents (25 000 €). À cette étonnante œuvre nigériane répond une sculpture en céramique de la culture mexicaine de Veracruz (10 000 €). Il s’agit d’une représentation réaliste de squelette assis, bras croisés sur ses genoux repliés dont le crâne avait été percé de trous destinés à recevoir des ornements symbolisant le cycle de la vie et de la mort.