Les très riches Heures de Jean Fouquet

CHANTILLY. Lorsque les quarante feuillets issus des Heures d’Étienne Chevalier (vers 1450) enluminés par Jean Fouquet entrent en possession du duc d’Aumale, celui-ci décide de les exposer dans le santuario, petite rotonde habillée de velours vert, aux côtés de tableaux de Raphaël et de Lippi. Secrétaire de Charles VII et trésorier de France, Étienne Chevalier (vers 1410-1474) faisait partie de l’aristocratie parisienne, principale clientèle du peintre tourangeau. «Chaque enluminure reflète la complicité qui liait le peintre et son commanditaire, soit par des initiales soit par des allusions à la vie du notable», explique Patricia Stirnemann, commissaire de l’exposition. De retour d’Italie, l’artiste réalise le Diptyque de Melun puis s’attèle à l’illustration du livre d’Heures. Outre la construction des scènes et la richesse des couleurs, c’est l’abandon des bordures fleuries pour des représentations en pleine page qui représente la véritable révolution dans l’art de l’enluminure. Des loupes à la disposition des visiteurs permettent d’apprécier le traitement des drapés, la précision des arrière-plans et la force des expressions. Les œuvres de Fouquet se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main et les documents qui les renseignent sont tout aussi rares. C’est pourquoi une réflexion est menée, depuis plus de trente ans, sur les conditions de conservation de ces pièces. Après l’exposition, l’éclairage va être modifié, les montages remplacés et les œuvres placées dans des caissons climatiques pour les protégées des variations de température et d’hygrométrie. La bibliothèque expose un ensemble de manuscrits du XVe siècle représentatif de l’effervescence artistique et littéraire de l’époque : le récit d’amour en vers, Songe mis en livre par Georges de Chasteaulens, Le Roman de Tristan mais aussi Dits et Faits mémorables de Valère Maxime.