Les moulins de la mémoireDans les anciens moulins albigeois, l’exil et le passé nourrissent les créations de Marina Temkina et Michel Gérard.
| Michel Gérard, Lit marchant, 2003
© Cimaise et portique |
ALBI. Le centre d’art contemporain Cimaise et Portique, occupe, depuis 1982, les bâtiments industriels - classés Monument historique - de ce qui fut une vermicellerie. «C’était un véritable défi, au départ, d’implanter un centre d’art actuel dans une ville comme Albi. Aujourd’hui, les choses commencent à changer, les visiteurs se montrent plus curieux et plus réceptifs», estime Jackie-Ruth Meyer, directrice. Après Daniel Buren ou Sarkis, c’est au tour de l’artiste français Michel Gérard et de sa compagne, l’écrivain et poète russe Marina Temkina, de s’approprier l’espace de briques rouges aux voûtes en plein cintre. Avec «Rue de Léningrad», ils signent leur première exposition commune sur le thème de la mémoire.
Rue de Léningrad
À l’entrée, My Fellow Pillow, des coussins suspendus associés à des inscriptions, dépeignent les craintes et les souvenirs d’exil de Marina Temkina tandis qu’une série de photographies, The kitchens where I cooked, juxtapose des vues d’espaces exigus et insalubres à de joyeux rassemblements familiaux en plein air. Michel Gérard se souvient : «Durant la Seconde Guerre mondiale, ma mère utilisait ses talents artistiques pour falsifier les tickets de rationnement». Cette période difficile est évoquée avec la vidéo Shelter Dream, projetée sur une corniche à proximité du Lit marchand, installation inspirée de la bande dessinée américaine de Winsor McCay, Little Nemo. L’histoire n’a jamais été aussi proche de l’actualité : les bombes qui tombent des avions se transforment en papier peint devant le Fauteuil de Papa rendu inconfortable par la présence d’armes en plastique. L’artiste s’interroge sur la banalisation de l’information et sur la passivité des spectateurs. Notre passivité…
| Stéphanie Magalhaes 17.04.2003 |
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