Bibliothèque Breton : l’Etat préempte sa dîme.

Le lundi 7 avril, la vente tant attendue avait débuté dans une salle comble sous une pluie de billets de 10 € à l’effigie de Breton, estampillés «votre argent pue le cadavre du poète que vous n’avez pas osé devenir», tandis qu’un jeune homme déclamait le manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant rédigé par Breton et Trotsky. Une semaine plus tard, la polémique semble entièrement retombée. Le premier volet de la vente, consacré à la dispersion de la bibliothèque, s’est achevé samedi sur un résultat plus qu’honorable. Livres surréalistes avec des envois de Dali, Ernst ou Gracq ; collections complètes de La Révolution surréaliste ou de Littérature ; manuscrits autographes d’Aimé Césaire ou Hans Bellmer ; ouvrages anciens d’ésotérisme, de science ou de philosophie ont doublé leur estimation pour atteindre un total de 7,1 millions € (hors frais).

Si ces 532 lots manuscrits et 1692 lots de livres ont été vendus, l’Etat a fait valoir son droit de préemption sur près d’un lot sur dix. Ainsi, 215 œuvres, acquises pour 2,5 millions €, rejoindront les collections publiques principalement parisiennes et nantaises. Le principal bénéficiaire est la Bibliothèque d’art et d’archéologie Jacques Doucet avec 125 lots. Juste retour des choses pour cette institution dont l’auteur surréaliste fut le premier conseiller artistique, alors qu’il n’avait que 24 ans. Une édition originale de Deuil pour deuil de Robert Desnos, les Premiers sommeils hypnotiques ou le manuscrit dArcane 17, écrit par Breton sur un cahier d’écolier relié en peau de pécari autour d’une photographie d’Elisa, seront ainsi accessibles aux chercheurs de la bibliothèque de la place du Panthéon.