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Vigée Le Brun, le roman d’une vie

Après l’impératrice Eugénie ou la reine Marie Leczinska, Geneviève Chauvel, s’attaque au destin de la portraitiste de Marie-Antoinette.


Une fidèle gouvernante ouvre le gros cahier relié de cuir vert dans laquelle sa maîtresse décédée a consigné ses pensées, et le récit de la vie de cette dernière peut ainsi défiler. Le procédé romanesque est un peu vieilli mais il est efficace et en parfaite adéquation avec le sujet. Cette autobiographie fictive d’Elisabeth Vigée Le Brun nous plonge en effet dans le Siècle des Lumières. Celui d’un Louvre et d’un Palais-Royal où se croisent aristocrates et artistes ; celui de salons où se font et se défont les réputations ; celui d’une Cour où l’on n’hésite pas à commander une douzaine de copies d’un portrait, pour peu que celui-ci convienne…

Elisabeth Vigée (1755-1842) se fait en effet une spécialité des portraits naturels, loin des poncifs académiques. Modeste fille d’artiste, les échelons qu’elle gravit se mesurent à la «qualité» de ses modèles. Dans son atelier défilent ainsi des familiers et des commerçants du quartier, avant que la duchesse de Chartres ne l’introduise auprès de l’aristocratie. Sur le chemin de la réussite, l’étape suivante est la commande d’un portrait de Marie-Antoinette. Ce statut de peintre favori de la Reine contribua bien sûr à la réputation d’Elisabeth Vigée Le Brun. Mais, du même coup, il fit d’elle la cible de nombreuses calomnies. En temps de disette, on lui reprochait de vivre dans un intérieur de lambris dorés et d’utiliser du bois d’aloès pour se chauffer ! Durant la Révolution, la portraitiste condamnée à l’exil parcourut ainsi l’Europe, de Rome à Vienne, en passant par Berlin, Saint-Pétersbourg ou Moscou. Une vie bien mouvementée qu’elle termina dans le calme de Louveciennes, d’où elle assista à l’avènement d’un nouveau monde.


 Zoé Blumenfeld
23.04.2003