L’annonce faite à Breton

Au terme d’une vente fleuve qui a monopolisé les salles de l’Hôtel Drouot, et attiré dit-on 50 000 visiteurs, les chiffres s’accumulent : 4 100 lots dispersés pour un montant de 46,02 Millions d'euros, 50% de plus que ce qui avait été prévu, 36 enchères de plus de 150 000 euros et 6 de plus d’un million.

La bibliothèque a totalisé des enchères de 7,11 millions d'euros pour plus de 2200 livres et manuscrits dont une bonne part a été préemptée par la Bibliothèque Doucet.. Ce sont les tableaux modernes qui se sont taillé la part du lion avec un total de 26,39 Millions d'euros. Les photographies ont atteint 5,32 Millions, et les arts premiers presque autant, l’enchère phare couronnant une effigie d’ancêtre Uli de la Nouvelle Irlande enlevée à 1,1Million d'euros au lieu des 700 000 prévus.

Les deniers de l’État
Le Ministère de la Culture qui avait promis, face aux réactions des admirateurs d’André Breton, de se montrer «vigilant», a dépensé beaucoup d’argent pour se racheter. Il a fait au total, pour le compte de multiples institutions, 335 préemptions, pour un montant global hors frais de 11,8 Millions d'euros, dont une part sera financée par le fonds du patrimoine du Ministère et le reste par les collectivités territoriales. Cette somme considérable représente le quart du montant de la vente, et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’elle aurait permis, et au-delà, de créer la Fondation Breton et de reconstituer par exemple, comme pour l'atelier de Brancusi, un appartement ouvert au public contenant la totalité de la collection, ainsi que l’ont réclamé en vain aux ministres successifs les héritiers et les amis de l’écrivain.

Les commissaires priseurs, au bout de 52 heures de mouvements de marteau, se sont déclarés heureux d’avoir abouti.