Lifting pour le Trianon de Marie-Antoinette

VERSAILLES, 4 oct (AFP) - Le Théâtre dit "de la Reine" à Versailles, cadre des divertissemnts de Marie-Antoinette et de son petit cercle d'intimes, rouvre ses portes ce premier week end d'octobre, après deux ans d'études et de restauration, au coeur du jardin du petit Trianon, dans le parc du château. Cette modeste batisse achevée en 1779, née du goût de la reine pour la comédie et le chant, est dissimulée entre la montagne et la charmille du jardin anglais. Extérieurement, son seul décor est un porche à l'antique flanqué de deux colonnes ioniques surmontées d'un petit fronton sculpté par Deschamps. A la Révolution, mobilier et tentures furent vendus ainsi que les tissus des cloisons et le rideau de scène qui avaient été arrachés. Mais l'ensemble conservé permit à Napoléon de l'utiliser après l'aménagement notamment d'une loge impériale. En 1835 et 1836 Louis Philippe a entrepris une remise en état et une modification du parterre, qui retrouva sa dimension originelle lors de la restauration entreprise entre 1925 et 1936. La dernière restauration a été menée grâce au mécénat du World Monuments Fund France et elle a concerné la salle à la jauge de 200 places, surtout les loges, les balcons, les baignoires encadrant le parterre. Décors sculptés en carton pâte en deux tons de dorure ou restituant l'apparence de matériaux nobles marbres et brèche violette, ont été consolidés et restitués. Ce choix du carton pâte (une technique disparue, avec ses moulages et dispositifs d'armatures ou de haubanages en fil de fer) était en cohérence avec le caractère non-officiel de ce théâtre construit à l'économie.

La fosse peut accueillir 22 musiciens. Le plateau plus vaste que la salle, et la machinerie de "dessous" et de "dessus" avec des cintres qui ne fonctionnent, plus devrait faitre l'objet d'une deuxième campagne de restauration qui permettrait l'utilisation des lieux pour des spectacles. Les études menées pour cette restauration dans l'esprit du décor d'origine ont amené au retissage à Lyon des tissus, une tapisserie de "fleuret bleu", à trame de lin et de chaîne de soie et à motif entrecroisé de laurier et de chêne. Son quadrillage correspond à celui figurant sur les dessins de l'architecte du théâtre Richard Mique. Les reflets de ces tissus s'harmonisent désormais aux scintillements des ors. Ce choix des tissus sur les murs met fin à la réputation du lieu comme "théâtre de papier" du fait des divers papiers peints cramoisi ou bleu qui ont été appliqués sur les murs jusqu'à la restauration des années 30. Inauguré en 1780, le Théâtre de la reine vit Marie-Antoinette jouer des pièces de Sedaine, de Favart entre autres. Elle y fut ensuite surtout spectatrice des opéras de Gluck, Grétry mais la souveraine tint encore un rôle en 1784 dans "Le barbier de Séville" de Païsiello d'après Beaumarchais.

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