Toscane couleur laineLa ville de Prato a inauguré au début du mois le plus important musée textile d’Italie.
| L'intérieur restauré du Musée du tissu
© Museo del Tessuto |
PRATO. L’industrieuse cité figure rarement sur les itinéraires des touristes qui parcourent la Toscane. Elle a bénéficié d’une discrète renommée, il y a quelques années, lorsque la vie d’un de ses marchands médiévaux, restituée par la plume de l’historienne Iris Origo, a connu le succès en librairie. En dehors des intéressantes fresques consacrées par Filippo Lippi à saint Jean-Baptiste dans le Duomo et d’un théâtre néo-classique, le Metastasio, Prato est surtout marqué par son passé industriel. C’est l’un des plus importants centres d’industrie textile du pays : sur les 180 000 habitants de la province, 45000 sont occupés dans ce secteur. Le noyau du musée, inauguré le 5 mai, est une donation faite en 1975 par l’entrepreneur Loriano Bertini, qui a d’abord été accueillie à l’école technique du textile. «La collection s’est progressivement accrue, explique le directeur du Museo del Tessile, Emanuele Lepri, récemment nommé. En 1997, elle ne disposait plus d’un espace suffisant. La décision a alors été prise de rénover une ancienne usine, la Cimatoria Campolmi. Construite en 1863, active jusqu’en 1992, c’est un superbe exemple d’archéologie industrielle.» Le musée est organisé en quatre parties : une introduction didactique, une section historique avec des machines d’époque, une section locale et un département contemporain où sont présentés les derniers résultats des recherches, portant sur des tissus non encore commercialisés. «Notre objectif n’est pas de présenter en même temps les six mille objets que nous conservons, poursuit Emanuele Lepri, mais de les montrer par roulement, par cycle de trois cents. Notre budget est de 500 000 euros par an. Il ne permet pas de mener une politique ambitieuse d’acquisitions mais nous bénéficions de la générosité de l’association des amis du musée.» L’éclectisme du fonds se lit à travers quelques-unes de ses pièces emblématiques : une escarcelle de marchand du XVe siècle, le célèbre velours floral des Médicis, des motifs dessinés par Gio’ Ponti ou la première chape en fibres artificielles - en lurex - endossée par un pape, en l’occurrence Jean-Paul II pour l’ouverture de la Porta Santa lors du jubilé 2000. L’exposition inaugurale porte sur le mythique atelier Tirelli de Rome, qui a réalisé les costumes de nombreux films, du Guépard au Nom de la Rose.
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