Authouart, peintre populaireLe Palais Bénédictine, en 80 dessins, gouaches ou toiles, fait le tour d’une œuvre résolument figurative.
FECAMP. A 60 ans, bon pied bon oeil, bonne main surtout, avec sa crinière blanche léonine, Daniel Authouart en personne vient régulièrement commenter ses oeuvres et répond de bonne grâce aux questions des visiteurs qui se pressent devant les grandes compositions colorées. La peinture est un éternel recommencement : pour Authouart, il n’est pas anachronique au XXIe siècle de passer 900 heures pour peindre un tableau, le temps qu’il s’impartit pour aboutir à une oeuvre « finie ». « Le grand canyon du supermarché des images » - c'est le titre de l’exposition - rend hommage au métier de peintre en juxtaposant par thème la toile et ses dessins préparatoires. Cette peinture, figurative et narrative, plaît car elle « raconte des histoires » dans lesquelles tout le monde se reconnaît. Authouart dépeint une Amérique révolue, celle de Marilyn Monroe et du mythe hollywoodien. Il est peintre populaire dans le sens étymologique du terme : issu d'un milieu modeste, il grandit dans les quartiers mal famés de Rouen et quitte l'école à 14 ans. Baigné de culture cinématographique et de bande dessinée, il a 15 ans quand il découvre Toulouse-Lautrec et entre en peinture comme en religion, ce qui le sauve : admis à l'Ecole des Beaux-Arts de Rouen à 16 ans, il accumule des diplômes (peintre, architecture et publicité). Insatiable, il se compare à un gamin dans une pâtisserie. Cette gourmandise, il la transmet dans un déluge de couleurs et de lignes et fait partager son appétit de vivre, tempéré de nostalgie pour nous rappeler que le bonheur est fugace. Populaire, il l'est aussi en s’inscrivant dans la continuité du Pop Art qui met en scène les objets de la vie quotidienne et la société de consommation. Mais chez Authouart, la critique sociale est indissociable d'une regard affectueux pour le monde qui l’entoure, qu'il s'agisse d'un boxeur, d'une fille dans un bar ou d'un journal qui vole au vent. Populaire, il l'est enfin en véhiculant l'image d'une réussite qui veut résister à toute forme d'asservissement. S’il est dans les musées (Centre Pompidou, Le Havre, Nantes), si ses collectionneurs attendent, si ses marchands se pressent, il n'en a cure et n’augmente pour autant le rythme de sa production. Ses grandes toiles (2mx3m) partent à 53.336 euros mais on peut s'offrir un croquis pour 380 euros. Authouart, populaire toujours.
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