Le design est dans la rue

PARIS. Dans le quartier des passages - si évocateur pour Walter Benjamin - se tiennent depuis 1999 les Puces du design. L’épicentre en est le passage du Grand-Cerf, à la verrière parfaitement rénovée, où l’organisateur, Fabien Bonilla, opère depuis sa boutique, La Corbeille. L’événement, qui avait lieu deux fois par an, se limite maintenant à une seule session de printemps, qui a cependant été prolongée d’une journée par rapport aux éditions précédentes. Elle prend place dans un calendrier parisien furieusement design - la charnière des mois de mai et juin - qui comprend aussi les Designer’s Days d'il y a peu et le salon XXe siècle de la semaine prochaine. Une trentaine d’exposants déploient dans la rue, et dans une ambiance bon enfant, les trouvailles des derniers mois. Comme à Clignancourt ou à Montreuil, les grandes galeries parisiennes ne rechignent pas à y faire un tour dès l’ouverture, pour acheter « au cul du camion ».

S'asseoir avec Rancillac
On trouve de tout, avec un penchant pour les années 70 qui sont encore abordables - des tabourets fluo, une collection entière du magazine « Créé », une table-jeu de dames en peluche (230 €). Parmi les grands classiques, le fauteuil Dar de Charles Eames, commandé par le MoMA de New York à la fin des années 1940 - c’est l’une des premières applications de la fibre de verre - se trouve autour de 150 €. Les galeries de province réservent les lots les plus originaux. Chez le Niçois 70, à l’angle de la rue Marie-Stuart, on remarque une curieuse Ball Chair de 1963, par Asco, à 5 500 €. Chez le Biarrot Twenty, encore plus inattendu est ce Fauteuil éléphant, à la coque blanche, fine et rigide, tiré à peu près à la même époque (5 000 €). C’est l’un des cent exemplaires produits. Son concepteur a ensuite fait son chemin dans un autre domaine : il a pour nom Bernard Rancillac…