Variations sur un dessin italienLe Louvre montre combien les artistes du XVIe siècle aimaient à remettre un même thème sur le métier.
| Véronèse Cinq Hommes nus,
étude pour La Famille de Darius
devant Alexandre,
© Musée du Louvre |
PARIS. Cinq fois la silhouette d'Adam est répétée mais disposée autrement : c'est une étude de Raphaël pour La Tentation d'Adam et Eve. Devant cette feuille, comme devant celle de Véronèse pour La Famille de Darius devant Alexandre, les même figures se succèdent comme en musique : ostinato, staccato pense-t-on. Ces variations qualifiées de « variantes » (mais la différence est bien mince !) sont fréquentes dans l'art flamboyant du dessin italien au XVIe siècle où les réemplois constituent une base d’où se régénère l'inventivité de l'artiste. L’exposition du Louvre, collatérale à celles de Michel-Ange et Léonard de Vinci, explique, analyse, décortique le flux des cheminements artistiques. A partir de soixante-dix-sept dessins, elle cerne la maturation, le perfectionnement d'une esquisse et permet de mieux comprendre le tempérament de Raphaël ou de Véronèse. Les maîtres italiens ont repris avec esprit de système des éléments d'un même motif : détails agrandis, mutations iconographiques, croquis pris sur le vif puis décomposés pour mieux saisir le mouvement d'un bras, d'une main. A travers ces états successifs, dans les changements et les différences, ils réalisent des suites ou des séries : telle est leur méthode de travail. L'exposition propose des dessins magnifiques d'Andrea del Sarto, de Salviati, du Parmesan, de Vasari. Elle est accompagnée d'un catalogue et d'un livre publié par le CNRS, tous deux très fouillés. Mais comme tout cela est pédant ! Il est bien de citer Barthes, Deleuze et autres Derrida à tout propos mais pourrait-on penser aux visiteurs qui ne sont pas des « bac+8 » ? Et diffuser, à côté de thèses savantes, des documents simples, mieux assimilés. Ce qui se conçoit bien…
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