Valenciennes, Soleil levantToyota étant devenu le principal pourvoyeur d’emploi de la région, la patrie de Watteau et de Carpeaux se met au diapason de l’art du Japon.
| Masque magojiro, cyprès
polychrome. Musées royaux d'art
et d'histoire de Bruxelles
© Hugo Maertens |
VALENCIENNES. Le musée des Beaux-Arts n’étant pas doté de collections asiatiques, c’est en toute logique qu’il s’est tourné, pour organiser sa première exposition d’art japonais, vers ses riches voisins des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Chantal Kozyreff, conservatrice aux musées bruxellois, a donc choisi plus de deux-cents œuvres dans son département (en rénovation) pour élaborer un panorama très synthétique d’un âge d’or artistique : celui de la période Edo (1603-1868). Initiée par le shogûn Tokugawa Ieyasu qui gouverne depuis son château de Edo (Tokyo), cette ère est caractérisée par une fermeture de l’archipel aux étrangers, seuls les représentants de la puissante compagnie des Indes néerlandaises et quelques négociants chinois étant tolérés. Elle est aussi une longue période de paix durant laquelle la classe militaire, dominante et oisive, devient avide de prestige, se parant d’armures précieuses (tôsei gusoku), synthèses entre traditions médiévales et perfectionnements liés à l’apparition des armes à feu. La dextérité des artisans s’exprime dans la fabrication d’objets précieux, boîtes de laque et figurines sculptées dans quelques centimètres carrés de bois ou d’ivoire (netsuke). L’estampe (ukiyo-e, littéralement « image du monde flottant »), genre pourtant commercial, connaît un vif succès dès la fin du XVIIe siècle. Malgré un accrochage déplorable, on appréciera la présence de ses grands maîtres, les paysagistes Hokusai et Hiroshige, ou le chantre de l’amour Utamaro. La visite s’achève dans l’ambiance tamisée de la crypte où sont réunis de luxueux costumes de soie, des masques pour le théâtre Nô aux expressions subtiles, des paravents aux délicats motifs floraux sur fonds d’or. Les quelques médiocres pièces de porcelaine, fabriquées pour l’exportation, contrastent avec le raffinement maîtrisé de la majeure partie des productions de l’époque.
| Sophie Flouquet 19.06.2003 |
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