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Vieillard passion burin

Un monumental catalogue raisonné fait revivre l'un des graveurs du siècle.

Cette somme pèse lourd au sens propre - 5 kg pour les deux volumes de près de mille pages - comme au sens figuré : c’est le couronnement de dix ans de recherches d'Anne Guérin, exécutrice testamentaire d'Anita de Caro-Vieillard, l’épouse du graveur et artiste elle-même, décédée en 1998. Parmi les contributions à cette entreprise, on remarque Marc Fumaroli, qui a écrit une belle préface pour rendre hommage à son ami, le plus grand buriniste du XXe siècle et Dominique Tonneau-Ryckelynk, conservateur en chef du Musée de l'estampe de Gravelines, qui a participé au financement de la publication. Roger Vieillard (1907-1989), fait son apprentissage à partir de 1934 dans le célèbre Atelier 17, fondé par le peintre-graveur William Hayter et par Joseph Hecht. « J'ai voulu permettre à l'amateur de suivre l'artiste dans le mouvement de sa création : il pouvait produire jusqu'à vingt-six épreuves d'état. Pour Roger Vieillard, rien n'était jamais fini » souligne Anne Guérin. Le catalogue décrit et reproduit en noir et blanc les 662 estampes réalisées par l'artiste. Elles sont classées chronologiquement, ce qui permet de suivre l'évolution de l'artiste, qui passe du figuratif à l'abstrait avec une richesse d'expression étonnante. La quasi-totalité des épreuves de l'état définitif est reproduite ainsi que toutes les épreuves d'états intermédiaires, ce qui amène à un total de quelque deux mille illustrations, toutes réalisées à partir des originaux. Le descriptif de chaque planche est très complet et mentionne la date, la technique, le nombre d’états mais aussi le papier : l’artiste qui réalisait lui-même ses tirages en utilisait jusqu'à vingt-cinq types différents. Le journal intime de Vieillard, ses carnets de voyage apportent un éclairage technique et poétique sans occulter le « chemin de croix » qu'est la vie du graveur. La conclusion prouve que l’artiste n'a jamais cessé de chercher : il remplace le papier par le plâtre et crée d’étonnants reliefs gravés. Pour qui serait resté sur sa faim, la bibliographie court sur sept pages…


 Brigitte Camus
20.06.2003