Mon zoo au LuxembourgSous l’égide du très sérieux Sénat, une quarantaine de créateurs explorent la zone-frontière entre l’homme et l’animal.
| Le sculpteur Bodiou avec ses
trois nénuphars © Françoise Monnin |
PARIS. Au pied d’un tilleul, un énorme têtard de bronze, signé Nicolas Kenneth (né en 1967), semble figé pour l’éternité. Au bord d’une allée, une étrange raie en résine rouge (D’Olce, 1962), accroche les rayons du soleil, à quelques mètres d’un d’oiseau tout aussi curieux, taillé dans de la lave de Volvic (Weil, 1966). Sur un bassin, trois grandes feuilles de nénuphar fluorescentes supportent des grenouilles et des grenades, moulées en matière plastique (Bodiou, 1954), etc. Autant de créations poétiques et intelligentes, imaginées par de bons artistes d’aujourd’hui, sur le thème « Animal et Territoire ». Il a été suggéré par la peintre Marie Sallantin, commissaire de cette quatrième édition de l’événement « Arsénat », lancé en 2000 par la passionnée Sophie Sainrapt. Introduire, au cœur du plus prisé des jardins parisiens, un souffle de modernité ? Beau défi quand on sait combien conservateurs, visiteurs et jardiniers de l’endroit tiennent à sa tranquillité ! Mais Sophie Sainrapt a su convaincre le Sénat, où elle travaille, de financer l’aventure. La plupart des œuvres - peintures et gravures - sont présentées dans l’Orangerie. Là, des formats moyens de maîtres confirmés (Rebeyrolle, Barcelo, Cueco, Haas, etc.) font face à des toiles immenses de jeunes artistes. Cinq mètres de haut ! L’exercice est périlleux. Certains s’en tirent bien : ainsi Foldi, développant le thème de la silhouette, Bouman, imaginant des métamorphoses à partir du traitement numérique d’images, Haddad, qui peint des masques mi-homme mi-bête, Kleinberg, cherchant sous les humains l’animal. Ou encore Renard, pour qui l’homme et le chien ne font qu’un puisque, tous deux marquent leur territoire… en urinant.
| Françoise Monnin 21.06.2003 |
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