Loin de la capitale

Les signes annonciateurs d’une pénétration de l’art contemporain dans le Palais des beaux-arts de Rouen étaient manifestes depuis le début de l’année, une œuvre de Wim Delvoye étant venue ponctuer le parcours des salles du XVIe siècle. Cette orientation, prise par Laurent Salomé, le conservateur du musée, s’est confirmée avec l’intervention de Felice Varini, grâce à une subvention du FRAM (Fonds régional d’acquisition pour les musées). Connu pour son travail, qui induit des troubles dans notre perception habituelle de l’espace, l’artiste italien a réinterprété le parcours ascendant et descendant des escaliers du musée en y installant un jeu de miroirs convexes. L’agrandissement des perspectives laissera perplexe plus d’un habitué des lieux. C’est en revanche dans le cadre d’une petite commune rurale du Haut-Rhin, Winkel, que l’on découvrira l’œuvre d’Anne Rochette, initiée dans le cadre de la commande publique. Intitulée Les Sources de l’Ill, elle consiste en une intervention paysagère discrète, destinée à remettre en valeur l’emplacement des sources de la rivière. Celles-ci ont disparu dans des captages, protégés par un triste édicule de béton. Guidé par des galets de calcaire blanc, le visiteur parvient à la source, matérialisée par une grande dalle plate, d’où émerge l’eau en dix points, formant un bassin s’écoulant vers le cours actuel de l’Ill. Pour le domaine de Kerguéhennec à Bignan (Morbihan), Richard Artschwager a privilégié le recueillement. L’artiste américain a créé Step to Entropy, sculpture constituée d’un fauteuil et d’un promontoire de granit, reliés par une longue allée gravillonnée, dans une échelle volontairement démesurée. Alors qu’aucune œuvre n’avait été commandée pour le parc depuis dix ans, ses responsables annoncent déjà l’étude de trois autres projets…