Que ferez-vous cet été ?Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence.
| © Claude Germain |
J'accroche, j'installe, jusqu'à la dernière minute, les deux cents numéros de l'exposition La Russie et les avant-gardes, c'est-à-dire cent cinquante peintures, reliefs, sculptures ainsi que des documents historiques. Dans une exposition, quatre-vingt-quinze pour cent des choses sont prévues sur maquette, reste l'inattendu qui peut-être exaltant ! L'exposition montre des œuvres d'artistes connus comme Filonov, Gontcharova, Kandinsky, Larionov, Malevitch, Pevsner. Ils voisinent avec des méconnus tels Bourliouk, Baranov-Rossiné, Yakoulov qui devrait être plus célèbre : il a décoré le célèbre Café Pittoresque à Moscou et la peinture que je présente est au Centre Pompidou ! Les tableaux viennent des grands musées russes, aussi bien de Saint-Pétersbourg que d'Astrakhan, de Krasnodar, de Nijni-Novgorod. Pendant la période du réalisme socialiste, des conservateurs perspicaces avaient conservé sur leurs cimaises, ou en réserve, des œuvres majeures qui disent les liens entre tous ces courants de l'avant-garde entre 1908 et 1930. Cette impérieuse nécessité des avant-gardes nous montre que les artistes sont devenus révolutionnaires avant la Révolution. On a trop souvent dissocié l'Histoire de l'histoire de l'art. Le vernissage passé, je pars pour Brême en Allemagne, où sont présentés les artistes de la Fondation. Après, retour à Saint-Paul pour accueillir les visiteurs de cette exposition cousue main qui ne voyagera pas, qu'il faut voir, unique, à la Fondation. Ensuite, j'irai lire, écrire dans mon pays, l'Auvergne.
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