Les Dali du capitaineAncien collaborateur de Dali et fondateur du Musée de Cadaqués, John Peter Moore vend sa collection.
| Salvador dali Reconstitution du
buste de femme rétrospectif,
1933-77, estimé 180 000 €
© Artcurial |
PARIS. C’est une vente à haute teneur polémique. Le quotidien espagnol « La Razón » s’est fait un plaisir, le 14 mai, de souligner que les quelque 450 pièces proposées chez Artcurial n’avaient pas obtenu l’authentification de la fondation Dali. « La fondation n’a pas examiné ni authentifié ces œuvres, nous a confirmé son porte-parole, Jordi Falgas, et nos experts n’ont émis aucune opinion écrite ni verbale.» Il faut dire que l’on se trouve en terrain miné. L’ancien capitaine des services psychologiques des Alliés, personnage haut en couleur, avait rencontré Dali à Rome en 1955 lorsqu’il travaillait pour le cinéaste Alexander Korda. Il a été son homme de confiance jusqu’en 1974, date à laquelle il a été évincé au profit d’Enric Sabater. En avril 1999, Moore a été arrêté par la police espagnole pour avoir organisé un trafic de faux Dali. Son procès doit s’ouvrir cet automne à Barcelone. Selon certaines estimations, Dali aurait signé quelque 35 000 feuilles blanches à usage lithographique. Pour Violaine de La Brosse, l’expert d’Artcurial, cela ne met aucunement en cause l’authenticité des pièces proposées, dessins, aquarelles, gouaches, huiles. Le catalogue précise que tous les lots sont accompagnés d’un certificat de Robert Descharnes. Ce dernier, secrétaire de Dali jusqu’à sa mort, dispose de l’exclusivité des droits d’exploitation sur ses œuvres jusqu’en 2004. Ce que conteste bien sûr la fondation devant les tribunaux… « Les deux pays qui ont la législation la plus sévère sur l’exportation des œuvres d’art sont l’Italie et l’Espagne, poursuit Violaine de La Brosse. Chacune des œuvres mises en vente est passée devant une commission avant de quitter l’Espagne.» Ce qui sous-entend qu’elles ont implicitement reconnues comme authentiques. Ces débats occultent le contenu de la vacation, qui pourrait rapporter 6 millions €. Toutes les époques de Dalí sont représentées avec une prédominance de pièces surréalistes, dont une huile sur toile de 1934 connue sous le nom de Sueños en la playa (130 000 €). La Reconstitution du buste de femme rétrospectif (180 000 €), un torse de jeune femme surmonté d’une baguette, ne fera rien pour dénouer l’inextricabl écheveau dalinien. Le maître l’a daté « 1933-1977 »…
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