Monaco ne veut pas grandirLa XVe Biennale des antiquaires reste fidèle au credo de ses débuts : les élus ne sont qu’une trentaine, réunis au Sporting d’Hiver.
| Henri Picou, Hommage à Astarté, 1877
© Galerie de Souzy |
MONACO. «Lorsque nous avons créé la Biennale de Monaco, en 1974, explique Jacques Perrin, le président de cette édition, les affaires étaient mauvaises à la suite du choc pétrolier. Nous ne voulions pas nous laisser faire, nous voulions trouver de nouveaux marchés. Mario Bellini, le concepteur de la Biennale de Florence ayant émis l’idée de faire une exposition d’été à Monaco, nous lui avons proposé à l’époque, avec Daniel Malingue et Maurice Segoura, de nous marier…» La création de la Biennale a eu un véritable effet d’entraînement. Quelques mois après la première édition, Sotheby’s ouvrait des bureaux à Monaco, suivi, dans la foulée, par Christie’s. Ancrée dans le paysage local mais décidée à conserver sa taille humaine, la Biennale a fort à faire pour contenir l’ardeur des joailliers, qui voudraient être plus présents. Cette année, ils forment la moitié du contingent des six nouveaux venus avec Reza, dont c’est le retour, et les Londoniens Moussaïeff et Jeremy Morris.
Le charme du pompier
Pour l’un des intronisés, c’est un véritable baptême du feu. La maison de Souzy, installée place Beauvau, à Paris, qui s’était fait une spécialité de l’art militaire, participe là à son premier salon. « Les salons ne correspondaient pas aux méthodes de travail de mon père, reconnaît Pierre-Edouard de Souzy. C’est différent du travail en galerie, cela implique une logistique mais c’est le moyen d’entrer en contact avec une nouvelle clientèle. J’espère que ce ne sera pas une expérience unique.» Ce changement de politique accompagne un recentrage de l’activité de la galerie qui tend à abandonner les armes pour la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle. «Nous nous intéressons à cette lignée de peintres souvent qualifiés de pompiers. Après avoir été longtemps décriés, ils sont de nouveau très recherchés, notamment par les Américains, qui leur consacrent des musées entiers, à l’image du Dahesh Museum de New York. Ces peintres ne sont pas des novateurs, ils s’inscrivent dans une lignée très classique mais on reconnaît enfin qu’ils peignaient formidablement bien. Leur cote a décuplé dans les dix ou quinze dernières années.» A côté du grand Bonaparte au pied des pyramides d’Armand-Demaresq, exposé au Salon de 1897, on pourra voir un Hommage à Astarté de Henri Picou, datant de 1877. Ces œuvres dépassent désormais sans difficulté la barre des 100 000 €. A côté d’une table Louis XVI estampillée Martin Carlin chez Segoura ou d’un service à dessert de J.E. Langlois chez Sapjo, on pourra découvrir d’autres représentants du genre chez Berko avec, en particulier, une élégante de la Belle Epoque croquée par Eugène Vincent Vidal.
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