La Chine s’est réveilléeCinquante artistes sur 1500 m2 au Centre Pompidou : c’est le moyen de montrer la vitalité de la scène chinoise.
| Song Dong,
Bonsaïs mangeables,
(poulet), 2003
© Centre Pompidou, Paris |
PARIS. Comment dresser un panorama de l’art chinois contemporain ? Comment rendre accessible au public occidental cette galaxie aux référents si éloignés des nôtres ? Le choix fait par les commissaires de l’exposition « Alors la Chine » (référence transparente à un livre de Roland Barthes) est judicieux : présenter un échantillon de plasticiens et vidéastes dans un unique espace. Les visiteurs n’ont plus qu’à choisir, selon leur bon vouloir, entre les films et l’architecture, au centre et à gauche de l’entrée, ou les installations, au fond et à droite. Un peu comme dans un supermarché… Dans la première catégorie, on remarque l’immense maquette de Pékin due à Lu Hao (né en 1969) où les gratte-ciel illuminés - politiquement incorrects ? - ne sont pas plus hauts que la Cité interdite… Dans la seconde, on est tenté de se servir en voyant les accumulations de porcelaine blanche de Liu Jianhua (né en 1962) ou les curieuses sculptures en caramel de Shi Jinsong (né en 1966). Les cartels, peu judicieusement placés au sol où ils causent plus d’un faux pas, expliquent que ces dernières créations - robot mixer, lampe torche ou téléphone portable, toutes exclusivement en caramel - vont se déliter, se déformer au cours de l’exposition, jusqu’à perdre leur apparence première. Une parabole sur l’obsolescente accélérée de notre civilisation de consommation, dans laquelle la Chine semble être entrée avec un enthousiasme dévastateur. Les trois objets symboliques de l’antique civilisation chinoise, censés établir une filiation avec la scène actuelle, semblent en réalité bien isolés : le cong en jade vieux de quatre mille ans, le miroir en bronze des Han de l’Ouest ou la calligraphie cursive des Ming célèbrent les vertus de la lenteur, de l’immortalité, de l’intemporalité. A mille lieux des jeunes artistes chinois, qui semblent vouloir prendre l’Occident au jeu de la vitesse et de la nouveauté, à l’image de l’œuvre qui introduit l’exposition : Ah Q, de Feng Mengbo (né en 1966), un jeu vidéo interactif, que l’on manœuvre avec ses pieds, où tout bouge, où tout clignote, où tout résonne. Un manifeste ?
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