Mahl, Goldsworthy, chromos de natureDeux regards sur le monde visible invitent à méditer sur les jeux de la nature et du temps. Grands espaces sauvages ou fragments de ruelles, les inspirations de Mahl et de Goldsworthy s'arrêtent au seuil de l'invention plasticienne.
| Andreas Mahl, Mur, 1999
© D. R. |
"S'il neige, je travaille avec de la neige, à l'automne avec des feuilles mortes; un arbre renverse devient une réserve de branches, des plus petites aux plus grosses." L'aveu d'Andy Goldsworthy pourrait être repris par Andreas Mahl. Les deux artistes ne se connaissent pas et partagent en coloristes le goût pour le "ready-made" offert par l'action du temps sur la matière. Nature éphémère chez l'Anglais, archéologie de strates chaulées pour l'Allemand. A Montmorillon, l'Empreinte élargit l'approche de la recherche faussement contemplative de Goldsworthy qui n'hésite pas à s'arranger des roches, à construire des arches le temps d'une prise, à modeler la glace, à tracer des lignes de sève, à maquiller une nature déjà surprenante. Le Festival de Symi est plus égoïste et ne montre rien du travail de Mahl en studio, sur la gémellité qu'il explore sur divers registres, sur le corps, le végétal et le métal. La cinquantaine de photographies ont été prises à fleur de chaux des maisons d'une île habitée par l'artiste depuis près de vingt ans. Quand elles sont repeintes, les façades de Symi changent de couleur, sans les oublier tout à fait. Le regard de myope que Mahl porte sur ces petites ruines plates nous rend leur mémoire.
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