Rome, villas ouvertesL’Estate Romana, un festival pluridisciplinaire, permet de voir sous une nouvelle lumière quelques-uns des plus beaux monuments de la capitale.
| Les Giardini degreti (jardins secrets)
de la Villa Borghese
© D. R. |
ROME. A la fin des années soixante-dix, Renato Nicolini, adjoint à la culture de la capitale, « inventait » l’Estate romana (l’Eté romain), avec des centaines d’événements artistiques. La manifestation, qui avait beaucoup perdu de son côté iconoclaste et avant-gardiste - on se souvient, dès 1979, d’un département vidéo précurseur au Musée du folklore, tente de retrouver son lustre. Elle a d’ores et déjà atteint ses objectifs en termes de fréquentation. « L’idée est d’offrir aux spectateurs des moments inoubliables en liant des lieux d’exception à des représentations de première qualité » confie Giavanna Marinelli, l’actuelle responsable de l’Estate Romana. La manifestation propose quatre-vingt-dix jours de programmation, quelque huit cents événements et attire plus de huit millions de visiteurs. » Parmi les lieux retenus, certains présentent l’intérêt d’avoir été ouverts au public très récemment. C’est le cas des « Case romane », des vestiges d’habitations romaines du IVe siècle, découvertes en 1887 et fermées depuis une décennie, qui sont à découvrir de nuit, pour l’occasion. C’est là, à l’emplacement de l’actuelle basilique du même nom, que la tradition situe le martyre des saints Jean et Paul. Une autre basilique, celle de Maxence, sur le Forum, accueille depuis l’an dernier un original festival de littérature. Des acteurs y lisent les œuvres d’auteurs du monde entier.
Les concerts de musique classique et de jazz investissent les anciennes villas nobiliaires, construites autour de vastes parcs agrémentés de fontaines. On pourra ainsi fréquenter Villa Ada, villa Celimontana ou Villa Doria Phamphilij et sa palazzina Corsini. Plus loin, le parc Casilino Labicano vient d’être meublé de cinq sculptures d’artistes contemporains : Anna Ajò, Immacolata Datti, Giuliano Giuliani, Carlo Lorenzetti et Costas Varotsos. La villa Torlonia possède un curieux pavillon, la Casina delle Civette. Construit autour de 1830 sur le modèle d’un chalet suisse, il a été remanié en style Art nouveau au début du XXe siècle et abrite un Musée du vitrail. Les Torlonia, des banquiers prodigieusement enrichis sous l’administration napoléonienne de l’Italie, avaient pour origine une famille roturière originaire du Puy-de-Dôme, les Tourlonias. Leur œuvre majeure a été la gigantesque opération d’assèchement du lac de Fucino, dans les Abruzzes. Le nom des Torlonia est récemment revenu sous les feux de l’actualité : Silvio Berlusconi a fait savoir officieusement qu’il serait prêt à débourser 120 millions d’euros pour racheter la mythique collection de statues antiques de la famille, afin d’en faire don à la nation…
| Marie Coccoluto 18.07.2003 |
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