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Politique culturelle

Dexia expose le plus grand Magritte du monde

Le temps d'un chantier, la banque franco-belge cache sa façade derrière une gigantesque reproduction de L'Inondation.


La façade de l'immeuble Pacheco,
à Bruxelles © D.R.
BRUXELLES. C'est le plus grand nu de la capitale belge. Il s'affiche sur les murs de l'immeuble Pacheco, une gigantesque barre de bureaux construite en 1970, actuellement rénovée par son occupant, le groupe bancaire Dexia. Plutôt que de sacrifier à la déesse publicité - comme cela fut fait notamment lors du lifting du Centre Pompidou avec Swatch - Dexia a préféré puiser dans sa très riche collection d'art. Les contraintes étaient simples : une œuvre d'un artiste connu du plus grand nombre, une image simple. Le choix s'est porté sur l'un des Magritte exposés dans le bureau du président du conseil de direction, Axel Miller. Dans L'Inondation, une femme nue se couvre le visage avec sa chemise de nuit : c'est la mère de Magritte, qui s'était suicidée en se jetant dans la Sambre en 1912. Le budget de l'opération est de 30 000 euros et comprend le montage de la bâche, l'entretien et les droits de reproduction.

Un siècle d'acquisitions
Dexia Belgique - issue de la fusion du Crédit communal, de Paribas et de Bacop - possède une collection de 4800 œuvres d'art. «Les fonds de Paribas et du Crédit communal, soit 4600 œuvres à ce jour - sont exclusivement belges, explique Patricia Jaspers, qui en est la responsable. Le Crédit communal a commencé ses acquisitions peu après 1860. Sa politique a été renforcée après la dernière guerre pour sauver un patrimoine - la peinture moderne - qui quittait la Belgique, notamment en direction des Etats-Unis. Dans le cas de Paribas, l'action s'est portée sur le patrimoine architectural avec la restauration de maisons historiques. C'est pour les meubler qu'ont été acquis des esquisses de maîtres anciens : Rubens, Van Eyck, Bruegel de Velours, Jordaens, etc.» Parmi les grands modernes, on compte Delvaux, Ensor, Khnopff, Rik Wouters et, bien sûr, Magritte, avec deux autres tableaux, L'Histoire centrale et La Fille au piano. «Les tableaux sont exposés dans les espaces publics, dans les bureaux. Nous n'avons absolument pas une politique de réserve. Notre personnel voit les œuvres tous les jours et nous avons même un programme d'information sur intranet.» Selon Patricia Jaspers, la réaction du public devant L'Inondation a été très positive. «Nous recevons de nombreux mails. Certains nous félicitent, d'autres nous demandent l'historique du tableau ou même le nom de l'auteur.» L'éducation artistique ne commence jamais trop tard.


 Pierre de Sélène
17.09.2003