Dix millions de Français à l'égliseAlors que les Journées du patrimoine, samedi et dimanche, sont consacrées aux monuments religieux, le ministre de la Culture présente un ambitieux plan national pour le patrimoine.
| Eglise Saint-Sulpice, COARC / DAC /
Ville de Paris ; cliché : Jean-Claude
Loty & Jean-Marc Moser |
La déchristianisation de la France pourrait bien connaître un coup d'arrêt temporaire ce week-end lors des 20e Journées du patrimoine, qui ont pris pour thème le «patrimoine spirituel». Samedi 20 et dimanche 21, ce sont sans doute 10 millions de visiteurs - si les tendances des dernières années se confirment - qui prendront le chemin de l'autel. Au total, près de 15 000 sites seront ouverts au public en incluant, c'est désormais une tradition, les «palais de la République» comme le Sénat ou Elysée, dont certains ne sont visitables qu'à cette occasion. Des cathédrales aux chapelles de campagne, c'est tout le réseau du blanc manteau d'églises chanté en l'an Mil par Gerbert d'Aurillac, qui sera accessible, ainsi que les synagogues, les mosquées et autres lieux de culte.
| Fenêtre de la chapelle de Marcilly (86)
© Fondation du Patrimoine |
Fantasia parisienne
A Paris, la mairie organise samedi une inédite «Soirée du patrimoine» avec cavalcades en costume et visites aux flambeaux, qui aura également une dimension religieuse : on écoutera une oraison funèbre de Bossuet place des Vosges ou de la musique baroque aux Blancs-Manteaux ou aux Billettes. On pourra également suivre un itinéraire spécifique reliant les œuvres d'art récemment restaurées, du Baptême du Christ de Jean-Baptiste Lemoyne (église Saint-Roch), à la Vierge de douleur de Germain Pilon (église Saint-Paul-Saint-Louis).
Un monument sur cinq en danger
Jean-Jacques Aillagon a profité de ce rendez-vous désormais ancré dans le panorama culturel pour présenter, mercredi 17, en Conseil des ministres, un ambitieux «Plan national pour le patrimoine». Les audits commandés par le ministre à son arrivée rue de Valois sont en effet alarmants : 20% des monuments historiques classés, soit 2800 sur 15000, sont en péril. Parmi les mesures annoncés, on note un accroissement des crédits budgétaires pour les monuments historiques (+ 10% chaque année pour passer de 204 millions en 2003 à 260 millions d'euros en 2008) et le renforcement des moyens de la Fondation du patrimoine, chargée de protéger le patrimoine «de proximité» (lavoirs, chapelles, etc), qui recevra le produit des successions en deshérence. Les règles régissant les travaux sur des monuments classés seront assouplies et simplifiées, pour faciliter la tâche des propriétaires privés. Une expérience de décentralisation sera initiée avec le transfert de certains crédits d'entretien aux collectivités territoriales. Ces dernières auront désormais à leur charge les opérations d'inventaire.
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