A New York, les bouddhas donnent le tonAlors que le marché présente un encéphalogramme plat, les premières grandes ventes aux Etats-Unis - consacrées aux arts d'Asie - sont attendues avec préoccupation.
| Costume en soie, période Edo,
XVIIIe siècle (20 000 $), Christie's
New York, le 16/09/2003 |
NEW YORK. La société artprice a lancé l'alarme il y a quelques semaines : l'automne des enchères sera l'un des plus étiques que l'on ait connu depuis longtemps. En août, artprice n'a comptabilisé que 164 ventes cataloguées contre 401 en août 2002. En début de mois, les ventes confirmées pour septembre étaient au nombre de 228 contre 841 l'an passé. Autant dire un effondrement… Quelle conséquence pour les prix au marteau ? Vont-ils chuter également ou, au contraire, vont-ils résister, «dopés» par cette raréfaction de l'offre ? Ce sont les questions que se posent les spécialistes avec une nervosité compréhensible.
| Vase à vin en bronze, Chine,
XIIe siècle av. J.-C. (1,8 millions $),
Christie's New York, le 18/09/2003 |
Le vase à vin à 2,5 millions $ ?
Lorsque le marché fléchit, les chefs-d'œuvre sont les pièces qui souffrent le moins. Le superbe guang chinois ou vase à vin en bronze du XIIe siècle av. J.-C, en forme de dragon, avec incrustations de malachite et d'azurite, pourrait fort bien trouver preneur à 2,5 millions $, l'estimation haute, lors de la vente du 18 septembre chez Christie's. La vente japonaise et coréenne du 16 septembre, également chez Christie's et la vente du jour suivant chez Sotheby's proposent de nombreux lots à partir de 1000 et à moins de 10 000 $, qui peuvent séduire une assez large clientèle : estampes d'Hiroshige, panneaux de peinture sur soie, netsuke, bols en argent, masques de guerre en fer laqué, jarre en porcelaine chôson (début XXe siècle) ou étuis à lunettes en galuchat.
Un collectionneur atypique
Mais qu'en sera-t-il des lots intermédiaires, entre 20 000 et 200 000 $ ? Des pièces rarement vues, comme ce livre en jade coréen (XIXe siècle, 200 000 $), pourraient tenir leurs estimations. Peut-être en sera-t-il de même pour la collection de Gangolf Geis (Christie's le 18 septembre), pour son originalité. Il s'agit là d'un ensemble de pièces de mobilier assemblé en moins de vingt ans (entre 1980 et 2000) par un magnat allemand de la mode installé à Honk Kong, qui n'a respecté aucun des préceptes habituels en la matière. Gangolf Geis ne connaissait pas la discipline a toujours refusé, dit-on, le moindre conseil de la part des spécialistes. On suivra le destin d'une table chinoise de peintre du XVIIe siècle (150 000 $), d'une paire de chaises de fonctionnaires des provinces du Sud (XVIIe siècle, 100000 $) ou d'un lit en bambou du XVIe siècle (80 000 $). S'il devait y avoir des victimes, il pourrait bien s'agir des figurines tang en terre crue, des personnages en porcelaine «famille rose», des bols céladon, des bodhisattvas en laque doré d'époque Ming. Autant d'objets de qualité mais moins rares - ou moins curieux - pour lesquels l'assistance pourrait montrer une certaine froideur.
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