Fragments d'un discours urbain

Produire un appareil normatif servant à la description de l’espace de la ville, telle est l’ambition de ce nouvel opus de la collection des Vocabulaires publiés par l’Inventaire Général et dû à l’architecte en chef et urbaniste d’Etat Bernard Gauthiez. Après l’architecture, le mobilier ou les jardins, c’est donc l’espace urbain qui a fait l’objet d’un fastidieux travail de récolement et de dépouillement de la littérature sur le sujet, permettant la définition de centaines d’entrées, hiérarchisées dans des thématiques précises : ensembles, aménagements, représentation, analyse de la forme urbaine, projets d’aménagement, aménagements de l’espace public. Chaque notice est présentée à l’identique : définition, termes voisins, commentaire, références bibliographiques et photographie.

Epineuse terminologie
Pour qui s’intéresse aux questions urbanistiques, son efficacité est indéniable. Mais contrairement à un ouvrage classique sur l’urbanisme, les clefs de compréhension de la ville ont été volontairement écartées au profit d’une «explicitation de la forme de la ville» par son vocabulaire. Et c’est là que réside toute l’ambiguïté de cet ouvrage érudit. Conçu pour les spécialistes, il fait se côtoyer termes scientifiques et lieux communs - jardinière ou caméra de surveillance - imposés par la volonté d’exhaustivité inhérente à la hiérarchisation des entrées. Les objectifs de l’Inventaire général imposent que chaque élément de la ville – et pas uniquement de l’espace public comme le précise l’auteur - soit qualifié par un vocable fixe. La terminologie doit donc se plier à cette grille d’analyse, alors que le sujet, aux confins de différentes disciplines (géographie, sociologie, architecture, histoire…), demeure lui même fluctuant, s’enrichissant constamment de nouveaux substantifs français ou étrangers. Une telle entreprise de normalisation était-elle alors justifiée ?