De l'existence des tapis volantsArt Outsiders, le festival de la création numérique, consacre au «Space Art» son édition 2003.
| Tate in space, diaporama digital
de Susan Collins |
PARIS. La bonne intuition de Jean-Luc Soret, créateur avec Henry Chapier du festival Art Outsiders à la Maison européenne de la photographie, a été de canaliser la créativité de l'art numérique en lui fixant une thématique précise, inspirée du monde scientifique. Après l'exploration du corps en 2002, c'est l'espace qui alimente les installations de cette année. Keo, ce curieux satellite conçu par Jean-Marc Philipe, est probablement l'une des manifestations les plus connues de l'art spatial. Il quittera la Terre en 2006, emportant avec lui des disques de verre sur lesquels seront gravées des millions de données sur notre monde en ce début du XXIe siècle. Keo est programmé pour revenir sur la planète bleue dans 50 000 ans. Il fournira à nos descendants, s'il en subsiste, des informations archéologiques précieuses. Le devenir de notre planète est clairement un problème que se posent les tenants du Space Art. Une salle plongée dans la pénombre abrite, sur un lit de gravier, cinq globes transparents animés par autant d'écrans vidéo. L'un deux décrit l'expérience promue par la Tate Gallery : imaginer un musée en orbite autour de la Terre. Un moyen de sauvegarder des œuvres essentielles dans le cas d'une catastrophe finale…
| Le Stationaute, installation interactive
de l'Observatoire de l'Espace du CNES |
Lettonie à l'avant-garde
Tout n'est pas aussi inquiétant à Art Outsiders. Le rêve de l'apesanteur stimule beaucoup les artistes. Mais comment y accéder si l'on n'est pas astronaute ? «Il existe des avions capables de réaliser des vols paraboliques, explique Rob La Frenais, directeur artistique du collectif anglais Arts Catalyst. Au moment où l'avion est au sommet de sa parabole, les passagers éprouvent trente secondes de gravité zéro.». L'occasion de réaliser toutes sortes d'expériences loufoques, dont la mise en application du tapis volant ! Le vol en apesanteur a surtout inspiré à la chorégraphe Kitsou Dubois l'installation la plus poétique du festival : File/Air, un véritable ballet des ombres, où des corps échappant à la gravité sont projetés sur des écrans de tulle. Les pays de l'Est, où un pesant secret a longtemps couvert les expériences militaires, semblent curieusement parmi les plus ouverts aux collaborations avec le monde de la création. Les vols paraboliques organisés par Arts Catalyst ont eu lieu à la Cité des Etoiles, en Russie. Et en Lettonie, une puissante antenne radar utilisée par l'Armée rouge est aujourd'hui mise à la disposition des plasticiens. Open Sky, qui raconte cette aventure, est une troublante vidéo d'Ewen Chardronnet, où les opérateurs ne sont plus des officiers de l'armée mais des artistes. Comme la parabole d'un monde meilleur…
|