Un autre Garnier pointe sous GarnierUne étude fouillée sur le créateur de l'Opéra de Paris marque le lancement d'une nouvelle collection de monographies d'architectes.
«Quand on dit Charles Garnier, on pense immédiatement à l'Opéra de Paris, expliquait, en présentant cette initiative, Christophe Vallet, président de Monum-Centre des monuments nationaux. C'est très réducteur. Nous avons en France une lacune très forte sur les architectes du passé.» C'est pour la combler que les éditions du patrimoine, bras éditorial de Monum, lancent cette nouvelle collection. Après Garnier, la série présentera Soufflot puis Baltard. Ces nouveaux ouvrages ne veulent pas inonder le lecteur sous une érudition disproportionnée : il s'agit bien de gagner un nouveau public et l'abondance des illustrations doit y aider. Illustrations anciennes, comme ces dessins tirés de la Revue de l'architecture et des travaux publics ou ces portraits du maître, qui soulignent l'obsession de Garnier pour sa propre image. Mais également illustrations contemporaines : une campagne photographique - une initiative devenue rare et coûteuse - a été lancée pour recenser le patrimoine bâti par Garnier.
Une petite maison rose en Italie
C'est là que l'ouvrage se révèle novateur. Si l'Opéra a droit à un chapitre - ce qui est compréhensible car ce concours gagné en 1860 par un jeune architecte, dans des conditions étranges, a conditionné toute sa carrière - la masse du livre aborde l'avant-Opéra et l'après-Opéra. Et voici surgir un Garnier inconnu, ou tout au moins méconnu. Celui qui conçoit l'observatoire de Nice ou les monuments funéraires à Offenbach et Bizet. Celui qui s'acoquine avec les hautes sphères culturelles ou la bourgeoisie d'affaires pour lui construire des villas à la mer, à Malo-les-Bains ou à Bordighera. Un Garnier qui peut être spécialiste des «pièces montées» comme on le connaît (pour sa propre villa à Bordighera ou pour celle de Raphaël-Louis Bischoffsheim, administrateur des chemins de fer, plus tard apparenté à la famille de Noailles). Mais aussi un Garnier beaucoup plus simple, minimaliste, qui peut signer une petite maison rose, simple parallélépipède sous les palmiers. On regrettera que les notices du catalogue raisonné qui recense, à la fin de l'ouvrage, toutes ses constructions, ne bénéficient pas d'un renvoi vers les illustrations correspondantes. Mais c'est un péché véniel dont on se consolera en voyant les résultats du long jeu de piste, qui nous permet de découvrir dans leur état actuel l'église de Capelle-en-Thiérache ou le pavillon scandinave de l'exposition de 1889.
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