Picasso chez PicassoRêvé par le peintre il y a cinquante ans, son musée, dans sa ville natale de Malaga, a été inauguré par le roi d’Espagne.
| Les Yeux de l'artiste, Paris, 1917,
5 x 9 cm. Photo : Rafael Lobato
© Musée Picasso, Malaga ;
Succession Picasso 2003 |
MALAGA. Un bijou ! Rien, dans le nouveau musée, n’a été laissé au hasard. Carmen Gimenez, directrice du projet, s’y affaire depuis 1992, date à laquelle elle avait organisé, à Malaga, un première exposition, en empruntant la collection de Christine Ruiz-Picasso, la belle-fille de l’artiste. Laquelle a immédiatement cautionné l’aventure, en offrant 133 pièces (14 peintures, 9 sculptures, 44 dessins et un cahier de 36 dessins, 58 gravures, 7 céramiques). Bernard, le fils de Christine, a aussi donné 22 œuvres et consenti à de nombreux prêts, comme sa mère. Une manne pour le gouvernement andalou : à Malaga, où les touristes viennent peu, le musée pourrait avoir un impact économique aussi considérable que le Guggenheim, inauguré à Bilbao, dans le nord du pays, en 1997.
| Jarre à tête de femme,
9 mai 1951, 36,5 x 25 x 19 cm.
Photo : Rafael Lobato
© Musée Picasso, Malaga ;
Succession Picasso 2003 |
Picasso n'est plus l'Antéchrist
Christine et Bernard y voient surtout l’accomplissement d’un rêve : en 1954 Picasso avait voulu donner un ensemble d’œuvres à la cité où son père lui avait enseigné le dessin, sur fond de flamenco, entre Plaza de Toros et citadelle mauresque… Mais alors, pour l’Espagne franquiste, Picasso était «communiste, pornographe et Antéchrist». Le musée avait été refusé. Désormais il existe, dans le plus joli palais Renaissance de la ville, restauré pour l’occasion avec raffinement et agrandi discrètement d’une aile moderne. Ses trois grandes salles blanches et rectangulaires - l’une d’entre elles mesure 40 mètres de long - constituent un écrin féerique. Sobre, élégant, l’ensemble n’est que ravissement, grâce à la subtilité concertée des cabinets d’architectes Gluckman-Mayner et Cámara-Martín-Delgado. Courez-y vite ! D’autant que dans toute la cité, un parcours Picasso se met en place. De la maison natale aux salles désaffectées de l’école des beaux-arts, le pélerinage est furieusement émouvant !
| Françoise Monnin 27.10.2003 |
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