Art Cologne s'offre un liftingLa 37e édition de la plus ancienne foire d’art contemporain allemande est placée sous le signe du changement. Gérard Goodrow, son nouveau directeur, veut en faire le carrefour international le plus important après Art Basel.
| Virginie Barré, La Jetée, 2001
lambda Print, 80x116 cm éd. 3 ex.
© Galerie Loevenbruck |
D’une Biennale de Venise contestée comme jamais à la consécration de la foire de Bâle, en passant par la création de la Frieze Art Fair de Londres, cette année aura définitivement été celle du chamboulement des grands rendez-vous artistiques. Si auparavant Art Cologne suivait son chemin, principalement centré autour de la peinture, ces dernières années la création actuelle avait de plus en plus tendance à investir Berlin, la capitale allemande, et Art Forum, sa jeune foire. Mais la naissance d’une londonienne délibérément plus branchée que les autres a changé la donne, obligeant les autres à rapidement se remettre en cause. Le nouvel homme fort d’Art Cologne est jeune (39 ans) et arrive précisément de Londres où il a passé sept ans chez Christie’s International en tant que spécialiste de l’art contemporain. Pour cet Américain d’origine allemande qui a été collaborateur scientifique au Musée Ludwig pendant les cinq dernières années de son doctorat d’histoire de l’art mené à Cologne, le destin de la foire rhénane relève de l’enjeu passionnel. Élever la qualité des stands, internationaliser Art Cologne pour l’amener au rang de numéro deux mondial, tels sont les objectifs qu’il se fixe. Ce qui passe par une réorganisation du comité de sélection (élargi de 8 à 10 membres en 2004) et par l’arrivée d’une trentaine de nouvelles galeries l’année prochaine, « dont cinq américaines constituerait déjà un objectif satisfaisant », en plus des treize présentes cette année.
| Jean Dewasne © Galerie Lahumière |
Seulement sept galeries françaises
Une nouvelle orientation qui pèse sur l’édition actuelle. À côté des « classiques » de la modernité proposés par de grandes maisons allemandes - comme Thomas de Münich qui fait fort avec des toiles de Monet, Picasso et Klee – des œuvres récentes fleurissent sur de nombreux stands au point qu'Art Cologne en prendrait presque des allures de foire de découverte. Les jeunes galeries sont plus nombreuses. On retrouve d’ailleurs, parmi ces jeunes pousses, certaines des berlinoises qui ont boycotté Art Forum et des londoniennes qui n’étaient pas à la Frieze (The Agency) et une seule française (parmi les sept galeries de l'Hexagone présentes sur la foire, comme en 2002). Il s'agit de Loevenbruck, ravie par cette première participation : plusieurs œuvres d’Olivier Blanckart et de Virginie Barré ont été vendues le premier jour. D'une manière générale, la foire a beaucoup gagné en lisibilité et en qualité des œuvres exposées : des atouts qui ne se ressentiront pas forcément sur les ventes, peut-être un peu plus longues au démarrage que l’édition précédente. Pour être sacrée dauphine officielle d’Art Basel, la foire de Cologne doit cependant surmonter un certain nombre d'obstacles. Elle n’a ni le pouvoir de séduction «glamour» de la Frieze, ni le département d’œuvres monumentales apte à attirer massivement les institutions internationales, comme à Bâle. L’avenir dira si elle ne risque pas au contraire, dans la nouvelle géographie du marché de l'art qui prend forme, de se régionaliser en se repliant sur le marché allemand.
| Frédéric Maufras 31.10.2003 |
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