Le patrimoine côté spectacleLe 9e Salon du patrimoine culturel s'est mis sous le signe des théâtres et lieux de spectacle. Un thème auquel le dossier des intermittents donne un relief particulier.
| Atelier des coiffeurs de la Comédie-
Française © D.R. |
PARIS. Comment imaginer la Comédie-Française sans ses costumiers, ses décorateurs, ses maîtres de l'éclairage ? Comment faire fonctionner ces joyaux que sont les théâtres à l'italienne sans le concours de corps de métiers nombreux et spécialisés ? Et comment les entretenir si les couvreurs, les doreurs ou les tapissiers deviennent rares ? Ce sont autant de questions que pose dès l'entrée, mise en scène avec l'aide d'Offenbach et de sa célèbre Vie parisienne, une manifestation qui a su s'élargir efficacement au cours des ans. Elle a partiellement perdu l'aspect trop «salon professionnel» des débuts - les artisans y exposaient leur savoir-faire et y accueillaient des clients potentiels. Aujourd'hui, elle aborde le patrimoine dans son ensemble, sous ses différentes facettes : défense, restauration, conservation exploitation commerciale… On continue certes de rencontrer les Ardoisières d'Angers, les artisans du Perche, spécialisés dans la réfection des sièges en crin animal, ou Yves Guyot, qui remet en état les cadrans solaires.
L'exemple des Perles vertes
Mais la part des conseils généraux ou des associations - la Demeure historique, qui réunit des propriétaires de monuments classés, ou Maisons paysannes de France - s'est grandement accrue. Et les acteurs institutionnels, comités du tourisme ou collectivités territoriales, investissent dans des stands spacieux. La Basse-Normandie s'est ainsi bâti deux salles de projection, dans lesquelles passent des extraits de films tournés sur place, comme Les Parapluies de Cherbourg. Le Limousin et la Picardie ont pour leur part réuni des artisans, qui opèrent devant le public. Comme Paris, Nice présente des initiatives d'inventaire architectural assez variées (ce qui ne fait pas oublier la tentative de «putsch» contre la Gare du Midi). D'autres initiatives originales de tourisme culturel se découvrent au détour d'un stand de sculptures en terre cuite et d'un atelier de vitrail, à l'image des Perles vertes de l'A75 : ces six villes situées sur le trajet de l'A75 promeuvent ensemble leurs beautés.
| Broderie sur fil d'or © D.R. |
Un rapprochement avec Venise ?
Les bonnes volontés ne manquent pas. L'existence de structures comme Rempart ou le Club du Vieux Manoir, qui réunissent des bénévoles dans des opérations de restauration, le prouve. Et le patrimoine devient un sujet toujours plus sensible : l'intervention personnelle de Jacques Chirac en faveur de la Fondation du Patrimoine ou la création, il y a quelques mois d'une association de journalistes spécialisés en sont de bons indicateurs. Mais, en dehors des actions politiques de l'Union européenne et de quelques structures - Europa Nostra, qui a fêté ses 40 ans, l'Institut des Itinéraires culturels, basé à Luxembourg, ou le World Monument Fund, qui vient d'ouvrir une antenne permanente sur le continent - l'engagement pour le patrimoine reste un combat très local. On regrette la faible présence étrangère sur le salon. Les concurrents directs, comme le ferrarais Restauro, qui tient sa onzième édition en mars 2004, ou le vénitien Salone dei beni culturali, dont la septième édition ouvre dans quelques jours (27 novembre) souffrent des mêmes limitations. On aimerait imaginer un regroupement des forces, avec un salon tournant. Une sorte d'axe Paris-Venise pour le patrimoine, liant deux villes que l'histoire a souvent rapprochées…
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