Cultura, l'autre foire de BâleLe jeune salon des antiquaires, qui se tient du 14 au 19 novembre, constitue un complément logique à la célèbre manifestation d'art contemporain.
| Manuscrit A.N. IV.1.Evangile IV,
XIIe siècle, Byzance, Bibliothèque
de l'université de Bâle. |
BALE. Cultura n'a que quatre années d'existence mais a déjà réussi à se créer une clientèle et une image. Au prix de certains ajustements. Ainsi, la durée initiale de dix jours a été revue à la baisse, à la demande des exposants eux-mêmes. «Je n'ai jamais cru à un salon aussi long, explique Marc Lebouc, de la Bouquinerie de l'Institut, qui participe pour la première fois. Les affaires se font le premier jour et le premier week-end». Concentré sur une petite semaine (14 au 19 novembre), un peu plus tard dans l'année, Cultura a également choisi de s'ouvrir davantage au XXe siècle, en renforçant la section sur les arts appliqués. Qui est d'ailleurs celle qui accueille les deux seuls exposants français…
| Table à café d'André Groult vers 1923,
Makassar-France. |
Les ours de Midavaine
«Cette diversification me rappelle les premiers temps du Salon de Mars, son éclectisme» poursuit Marc Lebouc, qui présente un «melting pot» des artistes de la galerie, avec des gravures et des œuvres uniques de Chagall, Rouault, Picasso ou Léger. Le second exposant français est Makassar, un spécialiste de l'Art déco, qui prospecte une nouvelle clientèles en raison de l'effacement des Américains, traditionnellement gros consommateurs du genre. «Cultura nous permet d'approcher les Suisses mais aussi les Allemands et les Italiens», explique-t-on à la galerie, qui n'a pas d'autre salon étranger sur son agenda. Parmi les pièces présentées, un paravent Aux ours polaires du laqueur Louis Midavaine (1888-1978), une table à jeu de Ruhlmann, une commode d'André Groult, un secrétaire en galuchat de Jacques Adnet.
Pour les assoiffés d'incunables
Cultura n'a pas la folie des grandeurs : on n'y rencontre qu'une cinquantaine de stands, outre l'exposition de la collection de meubles Ming de Lu Ming-Shi (montrée récemment au Musée Guimet). Mais cela suffit pour un panorama de qualité, où l'archéologie continue de tenir la vedette avec les pièces précolombiennes calima en or (galerie Palladion), les antiquités d'Asie chez Vanderven & Vanderven ou Wu Bruce ou d'Europe chez le Londonien Charles Ede. Un autre point fort est évidemment celui des livres. Les spécialistes des bibles anciennes et des incunables font partie de la crème de la crème avec l'Anglais Quaritch (qui, en 1884, fut le premier à payer 4 000 £ pour un livre imprimé, en l'occurrence un exemplaire de la bible de Gutenberg) ou le Suisse Heribert Tenschert, dont les catalogues valent plus cher que bien des ouvrages anciens - 980 euros pour les trois volumes à peine publiés sur les livres d'heures français 1490-1550… On pourra se contenter d'admirer la seconde exposition thématique, consacrée aux incunables de l'université de Bâle, la collection la plus riche au monde sur l'humanisme et la Réforme.
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