Cadres supérieursLe cadre doré est un domaine qui n’a pas encore été exploré comme il le mérite. Un répertoire tente d’établir un classement de la production française et italienne depuis la Renaissance.
On sait que les portraits du Fayoum, déjà, bénéficiaient d’une mise en scène. Mais la véritable naissance d’un art de l’encadrement date du Quattrocento italien. Les techniques se sont raffinées et, en six siècles, toutes sortes de bordures ont été imaginées. Cet ouvrage, dû à l’un des principaux spécialistes parisiens et à son homologue italien de Modène, tente de les recenser, en suivant une approche chronologique et régionale. Outre l’Italie et la France, les deux grands pays producteurs, auxquels sont consacrés l’essentiel de l’étude, sont également analysés, brièvement, les cas de l’Espagne et des Pays-Bas. Après une introduction en trois langues, qui expose les données de base, suivent des centaines de cadres, rectangulaires, carrés ou ronds, photographiés de face avec, chaque fois, un croquis de leur profil.
Le cadre plus cher que le tableau ?
Tous ou presque sont dorés. Cet or fin, qui était toujours posé sur une fine couche de plâtre, était précédé par l’assiette, un glacis coloré rouge ou bleu, que l’on voit parfois affleurer grâce aux craquelures. Si les Florentins de la Renaissance étaient des adeptes de l’or pur, très clair, les Français mettaient davantage de cuivre pour produire un or moins dispendieux, plus rouge. Et par les temps difficiles, on utilisait la méthode de la mecca : on mettait de l’argent, moins cher, que l’on se contentait de recouvrir d’un vernis. Cadres noirs appréciés des Hollandais au XVIIe siècle, motifs polychromes typiques de l’Espagne, efflorescences baroques du Piémont, fines baguettes du XVIIIe siècle français, très pratiques pour les gravures… La typologie est très riche et l’on en vient à se demander pourquoi le cadre n’a pas encore bénéficié d’une rétrospective ambitieuse. Cela viendra certainement : certains amateurs les exposent désormais vides, pour leur beauté intrinsèque, et l’on se souvient des records atteints dans les années 1980 par les moulures Régence : jusqu’à 200 000 francs de l’époque en salle des ventes…
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