Lyon : internet fait toute la lumièreUne installation interactive pilotée depuis le web est l'une des attractions de la traditionnelle Fête des lumières, jusqu'au 8 décembre.
| Lozano Hemmer, place Bellecour
Vectorial elevation, dessin
de Muriel Chaulet. |
LYON. «La fête des lumières remonte en fait à 1852, explique Claire Peillod, directrice artistique. A l'époque, pour faire pièce à un vœu des échevins de 1643, formulé dans l'ambiance de la Contre-Réforme, on avait inauguré une statue de la Vierge Marie à Fourvière. Tous les habitants furent invités à allumer des lumignons sur leurs fenêtres.» La tradition a perduré et s'est même fortifiée. Après avoir mis en place une politique ambitieuse d'illumination permanente de monuments dans la décennie 1980, Lyon l'a renforcée depuis 1999 par des commandes de créations temporaires aux artistes contemporains. La Fête des lumières, qui s'étend sur 4 jours, entraînerait une fréquentation de 3 millions de personnes, indique la mairie, qui ne fournit cependant pas de ventilation précise. Le budget alloué à la manifestation est de 1,3 millions d'euros, dont 30% proviennent du secteur privé.
| Rebecca Horn, Les Petits
Esprits bleus, Turin. |
Aux manettes : vous-même
«Le choix des installations dépend de la morphologie de la ville et des flux de public, poursuit Claire Peillod. Les plus grosses manifestations ont lieu dans le centre, les autres quartiers accueillant des événemements de taille intermédiaire. Mais on y a aussi mené des expériences originales comme l'accueil en résidence d'artistes : quatre créateurs sont à Lyon depuis septembre pour réfléchir sur la lumière et la fête avec les habitants du quartier.» L'animation la plus étonnante de l'édition 2003 s'intitule Vectorial Elevation et est due à Raphaël Lozano-Hemmer. Les internautes se connectent au site www.lyonelevation.net et manipulent eux-mêmes les énormes projecteurs installés sur la place Bellecour. Leur essai virtuel devient tout à fait réel pendant neuf secondes : chaque nuit, 9 000 dessins d'internautes se dessinent ainsi dans le ciel de Lyon. Mais l'on attend aussi le groupe Skertzo, qui avait déjà mis en transe la place des Terreaux en 2002, les curieux tissages de lumière de Casa Magica sur la cathédrale Saint-Jean ou les résilles de couleur de Miguel Chevalier sur les quais du Rhône.
Lyon-Turin, la lumière avant le TGV
Avant l'ouverture de la ligne de train à grande vitesse qui doit les relier dans quelques années, les deux métropoles des Alpes mènent une politique comparable en termes d'art de la lumière. Turin, qui en est à la 6e édition de Luci d'artista, invite de grands noms de l'art contemporain à concevoir des installations. Celle de Rebecca Horn, qui a enveloppé de petits nuages bleutés le couvent des Capucins, sur la colline surplombant le Po, semble la préférée des Turinois. Mais le choix est large, du tapis volant de Buren, devant l'Opéra, à la sculpture mouvant de Gilberto Zorio sur le lac de l'exposition de 1961, jusqu'aux phrases que Jenny Holzer fait défiler sur une façade de Piazza Carignano. «Nous avons essayé de mettre en place une collaboration avec Turin, en faisant un échange d'installations. J'espère que cela pourra se réaliser l'an prochain. conclut Claire Peillod.
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