Nissim de Camondo, son bureau, sa salle de bainsGrâce au mécénat, le Musée Nissim de Camondo poursuit l’ouverture de ses espaces au public.
| Musée Nissim de Camondo
Photo Luc Boegly
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PARIS. C’est l’un des plus jolis pseudo-hôtels particuliers du XVIIIe siècle, sur le parc Monceau. Il a été construit entre 1912 et 1914, avec l’architecte René Sergent, par un passionné du Siècle des Lumières, le comte Moïse de Camondo. Cet héritier d’une dynastie de banquiers juifs stambouliotes installés à Paris sous le Second Empire, musicien à ses heures, grand collectionneur, ne se relèvera pas d’une blessure intime – la mort de son fils Nissim en combat aérien en septembre 1917 - et fera de sa demeure un mausolée pour cet héritier perdu. C’est près de trois quarts de siècle après la mort du père endeuillé, en 1935, que le musée qu'il avait légué par testament à l’Etat, rend enfin accessible son lieu le plus symbolique, l’appartement du jeune Nissim, un appartement qu’il n’aura jamais occupé… La disparition de toute la famille dans les camps de concentration donne une dimension particulière à ces quelques pièces. Dans l’«habillage» lambrissé d’acajou, où l’on enfilait le frac du soir, un écran propose, en boucle, le documentaire de Madeleine Caillard sur une saga familiale achevée dans l’horreur du nazisme.
| Musée Nissim de Camondo
Photo Luc Boegly
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Demain l’orangerie ?
Si le bureau, transformé en «espace votif» pour Nissim, a fait partie du circuit de visite dès 1936, on n’avait jamais pu voir les autres pièces, le vestiaire, la chambre, dont la tenture murale rouge a été retissée à l’identique, ou la salle de bains avec son lave-pied et ses robinets chromés. La politique d’ouverture et de restauration des salles obéit à la générosité des mécènes. L’Union centrale des arts décoratifs, qui est propriétaire du musée, avait procédé à l’inauguration des cuisines en 1999, grâce à La Cornue, aux familles Kraemer et Desazars. Aujourd’hui, ce sont l’appartement de Nissim mais également la remise aux automobiles (non ouverte au public), où les deux chauffeurs à plein temps astiquaient la torpédo Voisin et la limousine Panhard, qui ont été restaurés avec l’aide de la Florence Gould Foundation, de la famille Kraemer, des antiquaires Aaron, Segoura et Perrin. Pour l’avenir, le programme demeure chargé : la descente à couvert, d’où l’on accédait autrefois au vestibule en sortant de voiture, l’orangerie, les écuries, les chambres de bonnes, les cuisines froides. Les Camondo n’en finissent pas de ressusciter.
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