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Politique culturelle

La Biennale de Lyon a-t-elle réussi sa mue ?

La manifestation qui vient de fermer ses portes s'est trouvé un nouveau siège, la Sucrière, et a essaimé dans toute la ville. Thierry Raspail, son directeur, tire un premier bilan.


Pierre Huyghe, l'Expédition Scintillante,
Blaise Adilon Courtesy Marian Goodman
Gallery, Paris & New York
Pouvez-vous tracer un portrait-robot du public de la Biennale ?
Thierry Raspail, directeur.
Nous assistons à un rajeunissement des visiteurs de la Biennale. Je dirais que la génération des 15-40 ans est majoritaire. Nous avons produit un effort particulier en direction des scolaires. Nous avons par ailleurs reçu 1900 groupes pour des visites thématiques. C’est une vraie demande du public qui souhaite avoir un dialogue, rencontrer des êtres vivants en dehors des gardiens. En termes chiffrés, cette édition a reçu entre 110 000 et 120 000 visiteurs.


Xavier Veilhan, le Projet hyperréaliste,
Blaise Adilon En collaboration avec The
Neumann Family Collection
Avec les oeuvres de : Robert Bechtle
"Roses", Robert Cottingham "Suzanne's",
Richard Estes "Canadian Club", Ralph
Goings "Blue GMC "et Richard McLean
"Dializ".
En 2003, la Biennale, créée il y a douze ans, a changé de siège et de date.
T.R.
Nous avons en effet souhaité revenir à un calendrier plus opportun, c’est-à-dire proposer de nouveau une biennale d’automne plutôt que de printemps, et changer de lieu, l’immense halle Tony Garnier ne se prêtant pas de façon adéquate à la manifestation. Parmi les lieux disponibles, nous avons trouvé la Sucrière qui, il y a dix mois, était encore un entrepôt désaffecté. Le propriétaire, Voies navigables de France (VNF), n’avait pas d’objection particulière et a même pourvu à la réhabilitation du bâtiment, pour un montant de 2,9 millions d’euros.


Claude Lévêque, Valstar Barbie
Blaise Adilon
La Biennale s’installe-t-elle de façon définitive à la Sucrière ?
T.R.
Nous avons signé pour trois biennales. Entre chaque biennale, c’est VNF qui s’occupera de la programmation culturelle du lieu. Actuellement, la Sucrière, ce sont 7 000 m2 utilisables, dont 6 000 pour les expositions. Nous espérons pouvoir réhabiliter 3 000 m2 supplémentaires. Pour la prochaine édition, nous sommes également à la recherche d’un nouveau lieu d’environ 1 500 m2 pour la jeune création européenne.

Quel est le budget de la Biennale ?
T.R.
Les deux biennales confondues (art contemporain et danse, qui se tiennent alternativement) ont un budget total de 4,9 millions d’euros. Le budget Pour donner un ordre de grandeur, c’est environ la moitié de la biennale de Venise. La part des sponsors est de 10% et est appelée à croître.

Comment distinguer la Biennale de Lyon des nombreuses autres biennales ?
T.R.
Lorsque la Biennale de Lyon a débuté, en 1991, il y avait dans le monde une dizaine de manifestations analogues dont Venise et la Documenta de Kassel demeurent les modèles. Aujourd'hui, leur nombre s'est énormément accru et fonctionnent à peu près toutes sur le même modèle. Des commissaires indépendants ou «free curators», avec un budget de mission, parcourent le monde. Ils exposent une immense moisson d'artistes et le public se dit : «Quelle énergie énorme !». La Biennale de Lyon, qui dispose d'une équipe constituée et pas de «free curators», essaie de sortir de cette illusion de présent perpétuel, de cette logique de l'exhibition. Elle se soucie de son emprise sur la ville et n'entre pas dans cette course frénétique au nombre d'artistes.


  Propos recueillis par Rafael Pic
05.01.2004