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Musées

Orsay et Guimet s'émancipent

À l'image du Louvre et de Versailles, les deux musées gagnent en autonomie : depuis le 1er janvier, ils sont devenus des établissements publics.


© Musée d'Orsay
PARIS. Le Louvre avait été le premier musée national à être transformé en établissement public national à caractère administratif, dès 1992. Le domaine de Versailles l'avait suivi en 1995. Neuf ans plus tard, deux grandes institutions parisiennes connaissent le même sort, en vertu de décrets publiés au Journal officiel du 30 décembre 2003. Le statut d'établissement public confère à Guimet et Orsay une autonomie accrue. Jusqu'à présent, les deux musées reversaient la totalité de leurs droits d'entrée à la Réunion des musées nationaux (RMN). Celle-ci se chargeait de redistribuer entre les musées nationaux, sur une base mutualiste, l'ensemble des recettes collectées et finançait les acquisitions d'œuvres d'art. Si Orsay et Guimet sont désormais maîtres de leurs ressources financières, ils bénéficient aussi de transferts de dépenses : ils devront pourvoir à l'entretien des bâtiments, à la restauration de leur collection et au paiement des employés.


Musée Guimet, Galerie
© Photo: Gérard Rondeau
Un vrai projet culturel
Chaque établissement se verra doté d'un conseil d'administration, dont le président (nommé pour un mandat de trois ans renouvelable) doit être prochainement désigné par décret. Ce devrait être, en toute logique, l'actuel directeur : Jean-François Jarrige pour le Musée Guimet et Serge Lemoine pour le Musée d'Orsay. «La transformation en établissement public est une évolution qui était tout à fait souhaitable, explique Jean-François Jarrige. L'augmentation de la part des recettes à gérer ne peut que rendre le musée plus responsable. L'existence d'un conseil d'administration constitue une sorte de contrainte - nous devrons lui rendre compte - mais une contrainte très salutaire puisqu'elle impose un vrai projet culturel. Et pour le personnel, si cela ne change rien en termes de stabilité de l'emploi, cela ne peut que contribuer à développer un esprit d'établissement.» Les implications en termes de politique d'enrichissement des collections sont importants. «Auparavant, les décisions d'acquisition étaient prises, de façon collégiale, par le comité des conservateurs des musées nationaux et abondées par le budget de la RMN, précise Serge Lemoine. Désormais, nous aurons notre propre comité et prendrons nous-même les décisions. A ceci près que, passé certains seuils de prix, nous devrons présenter le projet devant un Conseil supérieur des musées, qui n'existe pas encore.»

D'Ennery et Hébert dans l'escarcelle
Chacun de ces deux musées emporte avec lui un satellite. L'établissement public du musée Guimet englobe le Musée d'Ennery, ce qui est un choix naturel : cette collection est liée à Guimet depuis que Clemenceau, son exécuteur testamentaire, a fait exécuter les volontés du fondateur. Fermé depuis l'effondrement d'un plancher il y a quelques années, le Musée d'Ennery, situé avenue Foch, ne rouvrira qu'après des travaux de mise aux normes. En revanche, le couple Orsay-Hébert ne bénéficie pas de cette expérience de vie en commun. Il faudra dont procéder à une agrégation ce qui signifiera, à terme, la disparition du poste de directeur du Musée Hébert, qui sera substitué par un conservateur du Musée d'Orsay.


 Rafael Pic
06.01.2004